Un accord de collaboration entre Newcleo et le CEA sur un réacteur de la génération IV
Le développeur de réacteur Newcleo, sis en Grande-Bretagne, et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), un organisme de recherche public français, ont signé un accord de collaboration. Le texte doit contribuer au développement d’un réacteur test et de démonstration à neutrons rapides refroidi au plomb, le LFR AS-30 de Newcleo, qui sera ensuite construit en France. L’entreprise poursuit également ses avancées sur le sol britannique.
Mi-2023, Newcleo avait fait partie des entreprises sélectionnées dans le cadre de l’appel à projets «Réacteurs nucléaires innovants» du plan d’investissement «France 2030» du gouvernement français. Les projets de Newcleo portent sur la construction, d’ici 2030, d’un réacteur test et de démonstration de 30 MWe du type LFR-AS-30 en France et, d’ici 2032, de la construction de la première installation commerciale de 200 MWe, le LFR-AS-200, en Grande-Bretagne. Les deux installations seront des surgénérateurs refroidis au plomb de la génération IV. L’entreprise souhaiterait également construire une installation de fabrication de combustible mox (mélange plutonium-uranium) pour ses futurs surgénérateurs. D’après Newcleo, les projets en France représentent un investissement total de 3 milliards d’euros.
Un accord de partenariat avec NAAREA et le CEA
«Newcleo entend capitaliser sur l’expertise nucléaire française unique», et conclut, pour ce faire, des «partenariats avec des organismes nationaux publics et privés» qui lui permettront d’accélérer le développement de ses surgénérateurs. En janvier 2024, l’entreprise avait déjà signé un accord de partenariat avec l’entreprise française NAAREA, qui développe un microréacteur à neutrons rapides et à sels fondus.
Le nouvel accord de partenariat avec le CEA permettra à Newcleo de bénéficier des expériences et innovations technologiques de l’organisation de recherche publique – en particulier pour les technologies de la génération IV. La collaboration porte sur les domaines suivants:
- Les scénarii de développement des réacteurs LFR dans le parc électronucléaire français
- La qualification du combustible
- Les codes de calcul
- Les matériaux
- L’instrumentalisation et la mesure
Une première demande de «Regulatory Justification» pour un réacteur avancé en Grande-Bretagne
L’association de branche de l’industrie nucléaire civile britannique, la Nuclear Industry Association (NIA), a remis au gouvernement britannique une demande de «Regulatory Justification» (demande de décision de justification) pour le réacteur LFR-AS-200 de Newcleo. «Dans notre demande, nous montrons que les avantages d’un approvisionnement électrique propre, stable et flexible apportés par le LFR-AS-200 l’emportent, et de loin, sur les risques potentiels, strictement contrôlés au moyen de mesures de sécurité robustes – notamment aux systèmes de sécurité passifs intégrés dans la construction et dans les systèmes de refroidissement passifs – conformément aux exigences légales en vigueur au Royaume-Uni», a écrit la NIA. Par ailleurs, l’entreprise estime qu’elle contribue ainsi à la stabilité du réseau électrique et à la fourniture d’une électricité abordable, point clé également pour l’économie.
La «Regulatory Justification» est requise pour toutes les applications techniques induisant un rayonnement ionisant, qui sont mises en œuvre en Grande-Bretagne. Avant de pouvoir construire de nouvelles centrales nucléaires, il convient de démontrer que les avantages notamment sociaux et économiques sont supérieurs aux éventuels effets du rayonnement ionisant sur la santé. Il s’agit là d’un principe de radioprotection reconnu au niveau international. Les critères d’évaluation se basent sur les directives de l’UE concernées.
La demande remise pour le LFR-AS-200 est la première déposée en Grande-Bretagne pour un réacteur de la génération IV. En 2008 et 2009, trois demandes de Regulatory Justification avaient été remises par la NIA pour des réacteurs de la génération III: pour le UK Advanced Boiling Water Reactor (UK ABWR) de GE-Hitachi Nuclear Energy, l’AP1000 de Westinghouse et l’EPR d’EDF (auparavant Areva). Ces demandes ont été avalisées respectivement fin 2014 et début 2015 et le déploiement de ces réacteurs a été reconnu comme justifié.
Indépendamment de la Regulatory Justification, Newcleo avait remis début 2023 une demande d’homologation préalable à la conception (Generic Design Assessment, GDA) pour la conception de son réacteur.
Déclaration d’intention relative à la décarbonation d’une entreprise britannique dans le secteur pétrolier et gazier
Début mars 2024, Newcleo avait annoncé la signature d’une déclaration d’intention relative à une collaboration avec l’entreprise Viaro Energy Limited, un énergéticien actif dans les secteurs pétrolier et gazier sis à Londres. Le contrat concerné définit «le cadre des activités communes prévues en vue de la décarbonation de l’infrastructure pétrolière et gazière actuelle et future de Viaro». Des études de faisabilité sont prévues, ensuite les deux entreprises créeront une coentreprise chargée d’étudier le recours possible au LFR AS-200 de Newcleo sur des sites sélectionnés.
Source
B.G./C.B. d’après des communiqués de presse de Newcleo du 9 avril 2024, du 5 mars 2024 et du 9 juin 2023; le site Internet de Newcleo, la page Internet du gouvernement britannique proposant un guide sur le nouveau nucléaire, et un communiqué de presse de la NIA du 5 avril 2024
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