UE: les débats sur l’encouragement de l’hydrogène produit dans les centrales nucléaires se poursuivent
Le Conseil des affaires étrangères (CAE) de l’Union européenne n’est pas parvenu à approuver les conclusions prévues pour le 20 février 2023 concernant la diplomatie climatique et énergétique. Les ministres n’ont pas réussi à s’entendre sur la question de savoir si l’hydrogène décarboné – l’hydrogène produit dans les centrales nucléaires – devait être explicitement encouragé, ou si cela ne devait concerner que l’hydrogène issu des énergies renouvelables.
La France et d'autres pays souhaitent encourager plus fortement la contribution de l’énergie nucléaire pour réduire les émissions de CO2, tandis que des pays comme l’Allemagne et l’Espagne mettent en garde contre le fait que cela pourrait impacter les efforts déployés pour développer les énergies renouvelables. Cette divergence d’opinion à propos de l’hydrogène, du nucléaire et des énergies renouvelables a déjà entraîné un report des négociations sur les nouveaux objectifs de l’UE en matière d'énergies renouvelables.
«Il reste des obstacles, mais ils seront surmontés», a déclaré Josep Borrell Fontelles, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, concernant les conclusions sur le climat. Celui-ci espère également que les pays autoriseront le texte définitif par écrit dans les prochains jours.
L’agence de presse Reuters a informé qu’une grande partie du texte avait été acceptée – y compris les projets qui permettront à l’UE de solliciter un engagement mondial pour la sortie des combustibles fossiles.
Un diplomate a précisé que sur la question de l’hydrogène, plusieurs positions s'affrontaient actuellement et que les hauts responsables mettent tout en œuvre pour parvenir rapidement à un consensus.
L'élargissement de l’utilisation, de la production indigène et de l’importation de l’hydrogène décarboné revêt une importance majeure pour les projets européens de décarbonation des industries telles que la production d’engrais et d'acier.
France: l’hydrogène issu du nucléaire est «vert»
La France, dont la part du nucléaire dans le mix électrique atteint près de 70%, et des pays tels que la Hongrie et la République tchèque appellent à une meilleure reconnaissance de l’énergie nucléaire de la part de l’UE. Ils demandent que l’hydrogène issu du nucléaire soit imputé aux objectifs de l’UE en matière d’énergies renouvelables. D'autres pays comme l’Allemagne, qui déconnectera du réseau ses trois derniers réacteurs mi-avril 2023, et l’Espagne reconnaissent quant à eux la contribution de l'énergie nucléaire, pauvre en carbone, mais estiment que celle-ci ne doit pas être mise sur un pied d’égalité avec les énergies renouvelables, par exemple l’éolien et le solaire.
Début février 2023, la Commission européenne avait publié des prescriptions destinées à permettre qu’une partie de l’hydrogène produit à partir de systèmes nucléaires soit imputée aux objectifs de l’UE en matière d’énergies renouvelables. La Commission a informé que les pays européens et les législateurs disposaient désormais de deux mois pour déposer un recours contre ces prescriptions, après quoi ces dernières entreront en vigueur.
Concernant la production d’hydrogène nucléaire: l'électricité produite dans un réacteur est acheminée jusqu’à des électrolyseurs qui peuvent ensuite produire de l’hydrogène sur des sites qui en consomment. La technologie est considérée comme mature, mais elle reste coûteuse. Ses partisans estiment qu’elle pourrait être commercialisée en vue d’une utilisation à grande échelle par les consommateurs peut-être en quelques années, et rendra possible la transition vers une économie hydrogène décarbonée sans combustible fossile.
D'après des informations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la production annuelle mondiale d’hydrogène se situe autour de 70 millions de tonnes. Et le Département américain de l’énergie (DOE) estime qu’une seule centrale de 1000 MW permettra de produire chaque année 200’000 tonnes d’hydrogène. Dix tranches de ce type pourraient générer près de deux millions de tonnes par an, soit un cinquième de l’hydrogène utilisé actuellement aux États-Unis.
Source
M.A./C.B. d'après NucNet du 21 février 2023
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