Transmutex franchit des étapes importantes aux États-Unis et en Allemagne
L’entreprise suisse Transmutex développe actuellement une installation destinée à réduire la quantité de déchets nucléaires tout en générant de l’énergie ainsi que d’autres matières premières. Aux États-Unis, Transmutex a obtenu un soutien financier de la part de l’agence publique Arpa-E, et en Allemagne, une étude de l’Agence fédérale pour l’innovation disruptive (Sprind) démontre la faisabilité globale ainsi que les avantages de l’installation de Transmutex.

Au cours de la désintégration radioactive, la radiotoxicité des déchets hautement radioactifs, tels que les assemblages combustibles usés, diminue. Une très longue période de 200’000 ans est nécessaire pour que les déchets atteignent alors des valeurs naturelles et qu’ils ne soient plus radiotoxiques. Depuis longtemps déjà, une méthode baptisée transmutation est à l’étude. Celle-ci doit permettre de réduire l’intensité du rayonnement des déchets ainsi que la durée de rayonnement décrite ci-dessus. Les noyaux atomiques des déchets à longue durée de vie sont bombardés de neutrons et se désintègrent en fragments à courte durée de vie. L’entreprise suisse Transmutex développe actuellement l’installation de transmutation TMX-Start. Dans celle-ci, une source de neutrons externe (un accélérateur de particules) produit les neutrons qui sont utilisés dans le réacteur pour transformer les déchets nucléaires. Fondée en 2019, Transmutex développe son installation en vue d’une mise sur le marché.
Un encouragement des États-Unis
L’Advanced Research Projects Agency-Energy (Arpa-E) du Département américain de l’énergie (DOE) a annoncé en juillet 2024 le lancement d’un important programme de développement et de technologie sur la transmutation aux États-Unis. Baptisé Nuclear Energy Waste Transmutation Optimized Now (Newton), celui-ci soutient 11 projets portant sur des technologies de transmutation à hauteur de 40 millions de dollars au total (env. CHF 37 mio.). Le programme permettra d’accélérer les technologies de transmutation dans l’objectif «de réduire considérablement la masse, le volume, l’activité et la demi-vie effective de l’inventaire existant de combustible nucléaire commercial usé [aux États-Unis]», a précisé Arpa-E.
Transmutex avait candidaté pour obtenir des fonds dans le cadre de Newton, et elle a été la seule entreprise non américaine à être acceptée dans le programme le 17 janvier 2025. Elle a ainsi levé 4,3 millions de dollars (CHF 3,9 mio.), soit le second plus gros encouragement. Le CEO de Transmutex, Franklin Servan-Schreiber, a indiqué à la NZZ qu’il s’agissait d’une étape importante. Transmutex sera désormais «acceptée comme partenaire majeur par des instituts de recherche de renom aux États-Unis». Cela témoigne aussi de l’engagement des États-Unis pour le retraitement de ses déchets radioactifs grâce aux accélérateurs de particules, autrement dit pour la technologie développée par Transmutex.
Une étude allemande met en évidence les avantages de la solution de Transmutex
Début février, les médias suisses et allemands ont informé que l’Agence fédérale pour l’innovation disruptive (Sprind) avait commandé une «étude de mise en œuvre relative à une source neutronique entraînée par un accélérateur sur le site d’une ancienne centrale nucléaire aux fins de la production de médicaments contre le cancer, de chaleur à distance et d’énergie géothermique, et de gestion des déchets radioactifs», et en a présenté les résultats. Dans l’étude, le concept de Transmutex a été appliqué pour l’Allemagne et évalué par les trois services spécialisés indépendants TÜV Nord, l’Université technique de Munich et le renommé cabinet juridique Posser Spieth Wolfers & Partners (PSWP). Il s’agissait d’étudier la faisabilité technique, économique et réglementaire en Allemagne.
La conclusion de Sprind est la suivante: «Les auteurs de l’étude concluent que la mise en œuvre du programme de transmutation décrit permettrait d’éliminer de nombreux inconvénients et risques liés aux projets de stockage final actuel, et offrirait ainsi de nombreux avantages pour l’humanité.»
D’après Transmutex, les principaux résultats de l’étude indiquent que:
- Le volume des déchets hautement radioactifs pourrait être divisé par 8,8.
- La transmutation pourrait abaisser la durée de confinement nécessaire et la faire passer de 1 million d’années à 830 ans.
- Une installation de démonstration coûterait 1,5 milliard d’euros et pourrait être construite sur un site nucléaire récemment désaffecté.
- Bien que des modifications de la législation seraient nécessaires, la transmutation est en adéquation avec le cadre existant.
Les discussions autour de la transmutation indiquent qu’un dépôt en couches géologiques profondes restera malgré tout nécessaire pour les déchets à durée de vie moins longue qui sont produits dans le cadre la transmutation, de même qu’un dépôt pour les déchets de faible et moyenne activité qui ne peuvent tout simplement pas être transmutés.
Source
B.B.G./C.B. d’après des posts sur LinkedIn de Transmutex de fin janvier 2025 et du 10 février 2025, une information sur le programme Newton d’ARPA-E du 16 juillet 2024 et l’annonce des gagnants du 17 janvier 2025, ainsi qu’un post LinkedIn de Sprind du 10 février 2025 ainsi que sa page Internet du 11 février 2025
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