Red Book 2024: ressources, production et demande d’uranium
Comparées à l’édition précédente du Red Book, les ressources mondiales d’uranium sont restées inchangées, tandis que la production dans les mines a reculé de 4% entre 2020 et 2022. En raison de l’essor du nucléaire, des moyens plus importants sont investis dans l’exploration et l’exploitation de l’uranium. Telles sont les conclusions du dernier rapport «Uranium 2024: Ressources, Production and Demand» de l’Agence de l’énergie nucléaire (AEN) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Le rapport «Uranium 2024: Ressources, Production and Demand» de l’AEN et de l’AIEA est connu sous le titre de Red Book et il contient des statistiques sur les réserves mondiales d’uranium ainsi que sur l’exploration, la production et la demande d’uranium dans le monde. La 30e édition porte sur les années 2021 et 2022, et contient également des informations sur 2023 et 2024.
Des réserves d’uranium constantes
Comparées à l’édition 2022 du Red Book, les ressources mondiales d’uranium sont restées essentiellement inchangées. Les ressources exploitables identifiées (Identified Recoverable Resources) s’élevaient à un peu plus de 7,9 millions de tonnes d’uranium métallique (t d’U) au 1er janvier 2023. Elles se composent à hauteur de 60% de ressources raisonnablement assurées (Reasonably Assured Resources, RAR) et de 40% de ressources supposées (Inferred Resources, IR), et peuvent être exploitées jusqu’à la limite de prix de 260 USD/kg d’U (100 USD/lb U3O8). L’Australie possède la plus grande quantité des réserves d’uranium exploitables identifiées au niveau mondial, dont 28% avec une limite de prix pour l’exploitation de 130 USD/kg d’U et 24% de 260 USD/kg d’U. Le Kazakhstan et le Canada possèdent, eux aussi, des ressources d’uranium importantes.
Une production mondiale d’uranium en augmentation
Depuis 2020, l’énergie nucléaire suscite un regain d’intérêt au niveau mondial, et cela a commencé à se faire ressentir sur le marché de l’uranium en 2021. La demande croissante en uranium et les prix élevés ont entraîné une augmentation des activités d’exploration et d’exploitation minière, dont les dépenses ont plus que doublé par rapport à leur niveau le plus bas en 2020, pour atteindre 803 millions de dollars en 2022. La production d’uranium dans les mines a, elle aussi, progressé de 4% entre 2020 et 2022, et elle a continué d’augmenter en 2023 et 2024. Certaines mines désaffectées ont même été remises en service.
En 2022, 17 pays ont produit de l’uranium, et la production mondiale s’est établie à 49’490 t d’U. Avec une part de 43%, le Kazakhstan est le premier producteur au monde d’uranium. Il est suivi par le Canada (15%), la Namibie (12%), l’Australie (9%), l’Ouzbékistan (7%) et la Russie (5%). En 2023, la production d’uranium a encore augmenté de 10% pour s’établir à 54’345 t d’U.
Des ressources en uranium suffisantes pour plusieurs décennies
Au 1er janvier 2023, 438 réacteurs nucléaires commerciaux étaient en service dans le monde, pour une capacité de production nette totale de 394 GWe, nécessitant chaque année 59’000 t d’U. Dans le cadre du développement prévu des capacités nucléaires, la puissance installée pourrait passer à 574 GWe d’ici à 2050 dans un scénario bas, et même à 900 GWe dans un scénario haut. Le besoin en uranium correspondant atteindrait alors respectivement 90’000 t d’U/an et 142’000 t U/an. L’augmentation la plus importante est prévue pour la Chine.
Aux 7,9 millions de T d'U de réserves exploitables identifiées s'ajoutent des réserves d'uranium encore non découvertes (présumées et spéculatives) d'une quantité équivalente, ainsi que de l'uranium provenant de sources secondaires, telles que les assemblages combustibles usés issus du retraitement. Parmi les autres sources d’uranium potentielles figurent aussi les 57 millions de t d’U de ressources non conventionnelles (p. ex. extraction d’uranium des fonds marins). «Les réserves d’uranium sont suffisantes pour soutenir à la fois l’utilisation de l’énergie nucléaire et sa croissance considérable jusqu’en 2050 et après. Toutefois, des investissements devront être réalisés à temps dans les techniques d’exploration, d’exploitation et de préparation afin de garantir que l’uranium est bien disponible sur le marché au besoin», a précisé l’AIEA.
«À long terme, des conceptions avancées de réacteurs et des cycles du combustible fermés avec possibilité de recyclage – dans la mesure où de telles technologies auront été développées – permettront d’utiliser les ressources d’uranium existantes durant au moins plusieurs siècles et, ce faisant, de garantir la durabilité de l’énergie nucléaire», peut-on lire dans le Red Book.
Source
B.G./C.B. d’après le Red Book 2024 de l’AIEA et de l’OCDE/AEN publié le 8 avril 2025, et un communiqué de l’AIEA du 8 avril 2025
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