Prises de position des partis concernant le message de la Stratégie énergétique 2050
Les partis suisses réagissent de manière contrastée au message de la Stratégie énergétique 2050, adopté par le Conseil fédéral le 4 septembre 2013.
Pour l’Union Démocratique du Centre (UDC), le message de la Stratégie énergétique 2050 approuvé par le Conseil fédéral «est en réalité un ramassis d’interventions de l’Etat, de mesures contraignantes ainsi que de taxes et de redevances qui saigneront littéralement l’économie et en particulier la classe moyenne». Pour lui, ce projet ne permet en aucun cas d’atteindre l’objectif visé, à savoir un approvisionnement énergétique sûr, financièrement supportable et durable. Malgré les nombreuses réactions négatives suscitées par le projet mis en consultation, le Conseil fédéral s’est entêté dans ses errements socialistes et dirigistes. Il cherche à imposer par la force l’abandon du nucléaire à la population, en évitant soigneusement une votation populaire et sans proposer la moindre alternative. L’UDC rejette également l’idée d’un impôt écologique, «quelle que soit sa forme ou sa présentation». Il s’agit pour le parti d’un «non-sens économique». Il désapprouve avec détermination le procédé du Conseil fédéral.
Le PLR (Les Libéraux-Radicaux) estime lui aussi que le Conseil fédéral a adopté un message trop axé sur le dirigisme étatique et sur une économie basée sur les subventions. Les interventions de l’état incitent trop peu à la compétitivité, sont inefficaces et conduisent à des fluctuations de prix sur le marché du courant électrique. Le PLR admet que l’orientation du marché a été revue à la hausse par le Conseil fédéral en vue du projet de consultation, mais pour lui, elle ne l’est clairement pas encore assez. De cette façon, le changement d’énergie deviendra une nébuleuse coûteuse pour les contribuables et les consommateurs. Il critique notamment des «prévisions irréalistes». Pour lui, vouloir prévoir l’évolution des techniques de production d’énergie pour les décennies à venir et ce jusqu’en 2050 est impossible et utopique. Le PLR est également critique face aux propositions présentées aujourd’hui pour la réforme fiscale écologique. Il continue d’exiger un ensemble de mesures pour la Stratégie énergétique 2050, sur lequel le peuple doit pouvoir se prononcer.
Pour le Parti démocrate-chrétien (PDC), la Stratégie énergétique 2050 est un premier pas important dans la bonne direction. La sécurité d’approvisionnement doit être la priorité absolue ici. «Une stratégie ne peut avoir pour effet de graver dans le marbre en 2013 les modes d’approvisionnement en énergie dans 30 ans, au kilowatt-heure près.», a expliqué Christophe Darbellay, président du PDC. Cette stratégie consiste davantage à définir les objectifs à atteindre en matière d’approvisionnement en énergie, et la manière dont ils doivent l’être. Le PDC salue en cela la planification à long terme, ainsi que la procédure par étapes. Les mesures du premier paquet peuvent être implémentées relativement rapidement, afin de préparer la sortie de l’énergie nucléaire. Le parti salue également le renoncement à des taxes d’incitation supplémentaires dans la première étape.
Pour le Parti bourgeois-démocrate (PBD), les objectifs de la Stratégie énergétique 2050 ne pourront être atteints sur la durée et économiquement parlant qu’avec une réforme fiscale adaptée, introduite en conséquence dès 2020. Dans le meilleur des cas, des répercussions économiques positives en résulteront. Selon le PBD, l’approche consistant à réunir en une redevance globale les taxes sur la consommation d’électricité et les taxes sur le CO2, est très intéressante. Elle permet en effet une réduction régulière des mesures d’encouragement, puisque les taux sont plus élevés pour les redevances incitatives. Pour le PBD il est désormais important que des discussions larges, sans œillères, soient menées sur les différents modèles possibles. A ce stade, il est impossible de déterminer de manière définitive laquelle des variantes est la meilleure.
Le Parti socialiste (PS) est satisfait des lignes directrices du premier paquet de mesures proposé dans le cadre de la Stratégie énergétique 2050. Ainsi, les exigences liées aux énergies renouvelables et la diminution de la consommation par habitant rejoignent pleinement les objectifs défendus par le PS depuis de nombreuses années. En outre, la sortie du nucléaire serait, pour la toute première fois, ancrée dans une loi. Le PS regrette cependant que le Conseil fédéral n’ait pas «osé» limiter la durée d’exploitation des centrales nucléaires existantes. Le parti s’engagera au Parlement en faveur d’une votation populaire sur le sujet, afin que les premières mesures visant à atteindre les objectifs de la Stratégie énergétique 2050 soient appliquées rapidement et de manière complète.
Le Parti écologiste suisse (Les Verts) approuve l’orientation de la Stratégie énergétique 2050, mais pour lui elle reste insuffisante. Etant donné que le Conseil fédéral a renoncé à définir une durée d’exploitation des centrales, les Verts maintiennent leur initiative pour la sortie du nucléaire, seule à même de réaliser le tournant énergétique en Suisse à temps. A leurs yeux, la réforme fiscale écologique est essentielle pour la réussite du tournant énergétique et devrait être présentée au plus vite.
Source
M.A./C.B. d’après des communiqués de presse de l’UDC, du PLR, du PDC, du PBD, du PS et des Verts du 4 septembre 2013