Premières analyses et premiers enseignements de l'accident de Fukushima
Le 7 juin 2011, le gouvernement japonais a publié un premier rapport complet sur le grave accident subi par la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. Il s'agit d'une première analyse encore incomplète des événements, adressée à la Conférence des ministres de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Le rapport du gouvernement japonais décrit le déroulement de l'accident, identifie les défauts de conception et de gestion de situations de détresse des centrales nucléaires de Fukushima-Daiichi, ainsi qu'un manque d'indépendance de l'autorité de surveillance nucléaire. Pour toutes les tranches nucléaires concernées par la catastrophe naturelle, les systèmes critiques pour la sécurité ont tous résisté au séisme et correctement fonctionné comme prévu pour ce cas. Le danger présenté par les tsunamis a été en revanche massivement sous-estimé et les systèmes de sécurité n'étaient pas protégés contre les inondations. Il n'est pour l'instant toujours pas expliqué clairement pourquoi le risque évident d'un tsunami de grande ampleur sur la côte de Fukushima au cours des décennies passées n'avait pas été pris en compte parmi les critères de sécurité par la société d'exploitation Tokyo Electric Power Co. (Tepco) et l'autorité de surveillance.
Effroyables tsunamis
Le séisme du 11 mars 2011 a été le plus violent enregistré jusqu'à présent dans l'histoire du Japon. Il a déclenché toute une série de graves tsunamis qui ont entraîné la mort de plus de 25'000 personnes et des dommages gigantesques. Sur toutes les tranches nucléaires concernées, les objectifs de sécurité essentiels «mise à l'arrêt», «refroidissement par les groupes générateurs diesel de secours» et «confinement sûr des substances radioactives» ont été réalisés immédiatement après l'onde de choc du séisme. De même, 11 tranches nucléaires sur 15 ont résisté aux tsunamis qui ont suivi. En revanche, la situation dans les tranches 1 à 4 de Fukushima-Daiichi a rapidement empiré du fait de la défaillance totale de l'alimentation électrique de secours. Les réacteurs n'ont dès lors pas pu être refroidis correctement et le combustible nucléaire a commencé à fondre. Par la suite, et par manque de mesures de secours appropriées, les opérateurs n'ont pas été en mesure d'empêcher la fusion des cœurs et l'endommagement des assemblages combustibles dans les installations et limiter ainsi l'ampleur de l'accident à la centrale elle-même. Il s'est produit des explosions dans trois bâtiments de réacteur qui ont largement contribué à la dispersion de substances radioactives. La population des environs a dû être massivement évacuée.
Contaminations des sols et de l'océan
Compte tenu des conditions de vent et des chutes de pluie lors de la phase initiale de l'accident, une zone d'environ 30 km de long et de 10 km de large au nord-ouest des installations nucléaires a été plus fortement contaminée. Il n'est actuellement pas encore possible de déterminer l'étendue de la zone dans laquelle l'agriculture devra subir des restrictions pendant une durée très longue en tout état de cause. Du fait de l'accident, des eaux fortement contaminées issues des bâtiments de réacteur ont été déversées à la mer. Selon les indications de Tepco, ces fuites ont été entre-temps colmatées. De plus, il a été volontairement vidangé à la mer des bassins de recueil contenant des eaux faiblement contaminées, afin de disposer de capacités suffisantes de rétention d'eaux fortement contaminées. Des calculs modélisés et des données de mesure effectués à la fin du mois de mai ont montré que les concentrations de substances radioactives dans l'eau de mer se situent en dessous des valeurs limites définies.
Jusqu'à la fin mai 2010, les habitants des régions concernées n'ont montré aucun signe d'atteinte à leur santé. Chez aucun des enfants examinés, il n'a été détecté de débit de dose accru d'iode radioactif dans la thyroïde. Jusqu'à présent, on ne déplore également aucun décès ou atteinte grave à la santé de personnels irradiés dans les installations de Fukushima-Daiichi.
Déficiences de la culture de sécurité
Dans son évaluation globale provisoire, le gouvernement japonais aboutit à la conclusion que la culture de sécurité était insuffisante dans le domaine nucléaire. Il en résulte en effet que les estimations des risques n'avaient fait l'objet d'aucun examen critique, ni par l'exploitant, ni par l'autorité de sûreté nucléaire compétente. Les tranches nucléaires de la centrale de Fukushima n'avaient fait l'objet depuis leur construction d'aucune amélioration fondamentale dans le domaine technique de la sécurité. Le danger présenté par les tsunamis a été sciemment sous-estimé et les systèmes de sécurité n'étaient pas protégés contre une submersion.
Le principe central de la «défense en profondeur» qui guide la sûreté nucléaire dans le monde entier n'a pas été respecté sur les installations nucléaires de Fukushima. Il a ainsi été possible à une cause unique, les tsunamis, de neutraliser d'un coup l'ensemble des systèmes de sécurité.
Source
M.S. et R.B./P.C. d'après le rapport «The accident at Tepco's Fukushima Nuclear Power Stations. Report of the Japanese Government to the IAEA Ministerial Conference on Nuclear Safety», Tokyo, June 2011 des Nuclear Emergency Response Headquart
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