Premier bilan des conséquences de "Tokai-mura"
Une équipe d'experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qualifie l'accident de criticité qui s'est produit fin septembre 1999 à Tokai-mura, au Japon, d'"accident d'irradiation" n'ayant entraîné aucun rejet de radioactivité dans l'environnement significatif sous l'angle radiologique.
Cette équipe de trois personnes a visité mi-octobre l'usine concernée d'essai de conversion d'uranium de la Japan Nuclear Fuels Conversion Company (JCO) et a publié un rapport sur sa mission. D'une part, ce rapport présente encore une fois en détail le déroulement de l'événement, que l'on connaissait déjà largement, mais il contient également de nouveaux résultats sur la dose d'irradiation des employés touchés et sur les rejets de radionucléides.
Les doses sont des estimations provisoires et sont indiquées dans des unités différentes. On trouve par exemple l'unité Gray-Equivalent (GyEq), rarement utilisée. D'après l'Office fédéral de la santé publique, cette unité équivaut probablement au sievert. D'après le rapport, les trois employés touchés directement lors de l'accident ont reçu des doses respectives de 10 à 20 GyEq, de 6 à 10 GyEq et de 1,2 à 5,5 GyEq. Trois employés du service d'urgence qui ont amené ces trois blessés graves à l'hôpital ont reçu des doses se situant entre 0,5 et 4,1 milligrays (mGy). Les doses reçues par 56 autres employés présents sur le site au moment de l'accident ont atteint entre 0,1 et 23 mGy. Sept employés qui installaient un échafaudage sur un chantier à proximité immédiate de la limite ouest du site de l'usine ont reçu une dose entre 0,4 et 9,1 mGy.
Au total, 27 employés de la société JCO ont participé aux actions entreprises pour arrêter la criticité et se sont consciemment exposés à une irradiation élevée. 21 d'entre eux se sont chargés, en intervenant brièvement à tour de rôle, d'évacuer l'eau de l'enveloppe de refroidissement qui entourait la cuve accidentée. Ils ont reçu des doses se situant entre 0,05 et 120 millisieverts (mSv). La dose des six employés qui ont injecté dans la cuve de l'acide borique absorbeur de neutrons s'est située entre 0,03 et 0,61 mSv. Il faut rappeler que la dose annuelle admise au Japon pour les personnes professionnellement exposées aux radiations est de 50 mSv.
Les produits d'activation et de fission 24Na, 56Mn, 91Sr, 131I, 133I, 135I et 138Cs ont été mesurés tout autour de l'usine de conversion, mais les valeurs mesurées ont été nettement inférieures aux concentrations limites correspondantes. Dans un périmètre de 10 km autour de l'usine, de la radioactivité liée à l'accident de criticité n'a été décelée ni dans l'eau de mer, de lac ou de pluie, ni dans l'eau de réservoirs ou des conduites d'eau potable. Il en va de même de produits agricoles tels que le lait, les oeufs, la viande de boeuf et de porc, ainsi que des algues et des produits de la mer de la Préfecture d'Ibaraki, où se trouve Tokai-mura. On a mesuré en concentrations extrêmement faibles dans des échantillons du sol du 24Na et du 56Mn, dont les périodes sont de quelques heures. Parmi les 138 échantillons prélevés dans un périmètre de 10 km, un seul d'entre eux a révélé de l'iode 131 et de l'iode 133 - ceci en concentration non significative sous l'angle radiologique. De l'iode radioactif a pu être détecté dans 15 des 115 échantillons de légumes prélevés dans ce périmètre de 10 km. La concentration en iode 131 la plus élevée a atteint 0,037 Bq/g, soit nettement moins que la valeur limite d'intervention fixée au Japon à 2 Bq/g pour les légumes.
Source
M.S.
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