Point de vue des riverains des centrales nucléaires britanniques
Une nette majorité de la population vivant à proximité de centrales nucléaires britanniques est favorable à l’utilisation de cette source d’énergie. Plus de la moitié pourrait aussi approuver la construction d’une nouvelle centrale nucléaire. Une étude sociologique approfondie met toutefois en évidence les frontières étroites du soutien à l’énergie nucléaire ainsi que le vœu largement exprimé de pouvoir participer dès le départ au processus de décision.
Dans le cadre du réseau SCARR (Social Contexts and Responses to Risk) des instituts de sociologie et de psychologie d'universités britanniques, les universités de Cardiff et d'East Anglia ont analysé depuis 2004 l'évolution de l'opinion parmi la population riveraine des trois sites nucléaires de Bradwell (2 tranches Magnox arrêtées depuis 2002), d'Oldbury (2 tranches Magnox en service depuis 1968) et d'Hinkley Point (2 tranches Magnox arrêtées et 2 tranches AGR en service depuis 1976). L'objectif de ce projet SCARR est d'obtenir une réponse empirique à la question de savoir comment la population qui vit à proximité de grandes installations industrielles liées à un risque perçoivent justement ce risque. Les universités ont évalué à cette fin de nombreux questionnaires et mené de multiples interviews, dont les résultats sont maintenant disponibles.
Position complexe des riverains
Selon l'étude, les centrales nucléaires locales ne constituent rien de particulier dans la vie quotidienne des riverains: on ne les remarque pas, et elles font tout simplement partie du paysage. La très nette majorité de la population fait ainsi entièrement confiance aux exploitants locaux.
Ceci ne veut pas dire pour autant que le gouvernement, les autorités nationales de sûreté et l'industrie bénéficient dans les environs des centrales nucléaires de davantage de confiance que parmi le reste de la population. Toujours selon l'étude, des événements tels que l'annonce d'une attaque terroriste suffisent pour porter atteinte - du moins provisoirement - à l'image paisible que de nombreuses personnes entretiennent à propos de leur centrale nucléaire locale. On commence alors à se poser des questions. Le sentiment de peur se réveille, et le soutien devient plus fragile.
Majorité relative favorable au nucléaire et à la construction de nouvelles centrales
C'est la raison pour laquelle les auteurs de l'étude entendent que les résultats du sondage favorables à la construction de nouvelles centrales nucléaires soient appréciés de manière différenciée: à Oldbury, 50% des riverains sont pour la construction d'une nouvelle centrale nucléaire, et 31% sont contre. A Hinkley Point, les pourcentages atteignent même 61% pour et 23% seulement contre. Indépendamment de cela, une large majorité de 84% des sondés désirent que la population locale soit invitée à contribuer dès le départ au processus de décision sur la construction d'une nouvelle tranche.
En matière de position de fond vis-à-vis de l'énergie nucléaire, l'étude met en évidence une image beaucoup plus positive dans les environs des installations que tel n'est le cas de la moyenne nationale: 12% des personnes interrogées ne voient aucune raison de s'inquiéter à propos des risque de l'énergie nucléaire; pour 34%, les avantages pour la région l'emportent nettement, les exploitants étant considérés comme dignes de confiance; 38% font preuve d'une attitude ambivalente en ce sens qu'ils n'acceptent les risques perçus que si la cause de l'environnement et de la sécurité d'approvisionnement est ainsi servie. Les 16% restants estiment que les centrales nucléaires constituent une menace permanente et ne croient nullement aux affirmations opposées des autorités et de l'industrie.
Source
P.B./C.P. d’après un communiqué de presse de la Cardiff University et de l’University of East Anglia du 30 septembre 2008