Nouvelles mesures de rayonnement dans l'espace
Fin novembre 2011, l'agence spatiale américaine Nasa a lancé une nouvelle sonde à destination de Mars. Celle-ci emporte à son bord le plus grand rover jamais envoyé sur notre planète voisine: «Curiosity», un laboratoire de mesure mobile. Si le rover ne doit atteindre la surface de Mars qu'en août 2012, un instrument de mesure de Curiosity a quant à lui déjà commencé sa mission. Objectif: récolter des informations importantes en vue de futurs projets dans l'espace.
L'instrument de mesure de rayonnement RAD (Radiation Assessment Detector) pèse environ 1,5 kg et doit permettre de collecter des données précieuses pour l'exploration spatiale humaine. Il permet en effet aux chercheurs de mesurer pour la première fois l'exposition aux rayonnements à l'intérieur d'une sonde spatiale. Le RAD détecte aussi bien les particules chargées que les particules neutres en provenance du soleil, des explosions stellaires et d'autres sources. Les conditions de rayonnement interplanétaires ne sont pas les mêmes que celles que nous connaissons sur Terre puisque le champ magnétique et l'atmosphère terrestres nous protègent du rayonnement cosmique. Pour les chercheurs, l'intérêt premier reste l'exposition aux rayonnements à l'intérieur de la capsule spatiale. Certes, la capsule constitue une barrière de protection contre le rayonnement, mais en cas de collision de particules de haute énergie avec les atomes de la capsule, de nouvelles particules peuvent être créées: les particules dites secondaires. Or, celles-ci peuvent être encore plus dangereuses pour l'homme que le rayonnement cosmique.
Au cours de son voyage vers Mars, le RAD collecte des données presque en continu et les envoie sur Terre toutes les 24h. Fin janvier, la plus grande éruption solaire jamais enregistrée depuis 2005 a été observée. Un nuage de particules chargées a été projeté en direction de la Terre. Les premières analyses effectuées quelques jours après l'évènement ont confirmé que le RAD avait détecté l'éruption solaire et en était ressorti indemne. Les éruptions de cette ampleur peuvent par exemple fortement perturber le trafic aérien et les satellites.
Mesures de surface
Ce sont avant tout les conditions présentes à la surface de la planète rouge qui intéressent les chercheurs. Contrairement à la Terre, Mars ne possède quasiment aucun champ magnétique et son atmosphère est très fine. Elle ne filtre donc quasiment pas le rayonnement cosmique. Les résultats de mesures doivent non seulement fournir des renseignements en vue de futures missions humaines dans l'espace, mais également définir à partir de quelle profondeur de sol d'éventuelles formes de vie antérieures pourraient avoir survécu, ou pourraient survivre, dans l'environnement radiatif de Mars.
Un projet à l'échelle internationale
Le RAD résulte d'une coopération entre les Etats-Unis et l'Allemagne. Il a en effet été codéveloppé par la Southwest Research Institute (SwRI), situé à Boulder (Colorado, Etats-Unis), et l'Université de Kiel (Allemagne). Le projet a été financé par la Nasa et le Centre allemand pour l'aéronautique et l'aérospatiale (DLR).
En 2009, le DLR avait lancé une expérimentation destinée à mesurer la dose de rayonnement sur la Station spatiale internationale ISS. Les premiers résultats avaient révélé que les doses d'exposition depuis l'ISS étaient environ 100 fois supérieures à celles sur Terre.
Source
M.B./C.B. d'après un communiqué de presse de DLR du 27 août 2009, un communiqué de presse de la Nasa du 13 décembre 2011 et un communiqué de presse de SwRI du 27 janvier 2012