Nouveau procédé de filtrage: signature d'un contrat de licence entre le PSI et CCI
Les chercheurs de l'Institut Paul-Scherrer (PSI) ont développé un procédé de filtrage qui élimine à peu près totalement l'isotope radioactif 131. Le PSI et l'entreprise CCI AG de Balterswil (TG) viennent de signer un contrat de licence.
L'installation de dispositifs de filtrage permet, en cas d'accident grave dans une centrale nucléaire, de baisser de manière ciblée la pression accumulée dans l'enceinte de confinement primaire; c'est l'un des principaux enseignements tirés de l'accident survenu en 1979 dans la centrale nucléaire américaine de Three Mile Island. Les centrales nucléaires suisses disposent de tels systèmes de filtrage depuis maintenant vingt ans.
C'est sous la direction de Salih Guentay que les chercheurs du PSI ont réussi à améliorer sensiblement les facteurs de rétention à l'aide d'une nouvelle méthode de filtrage. «La méthode permet de retenir l'iode sous toutes ses formes – qu'elles soient élémentaires ou liées organiquement – et cela à long terme, empêchant ainsi un regain de la volatilité», explique Martin Jermann, sous-directeur du PSI. Autre avantage du nouveau système de filtration: non seulement l'iode gazeux, mais également les aérosols contaminés par de l'iode sont mieux retenus que dans les filtres traditionnels. Le nouveau filtre est conçu en fonction des conditions exceptionnelles du venting – températures, pressions et humidité élevées, présence de nombreux produits de fission. Malgré son taux de rétention élevé, la construction du nouveau système de filtrage évite tout colmatage risquant de nuire à la décompression en cas d'accident.
Conversion en iode soluble dans l'eau
L'iode volatil émis dans l'air peut être de l'iode élémentaire (I2) ou faire partie d'un composé organique (p.ex. iodure de méthyle CH3I). Pour filtrer efficacement l'iode volatil, celui-ci doit d'abord être converti en iode soluble dans l'eau. Dans le cas de l'iode élémentaire, on utilise une réaction chimique. La conversion de composés organiques nécessite la présence d'un catalyseur. Une fois l'iode volatil converti en iode soluble, il peut être extrait de manière fiable de l'air vicié du confinement. Si celui-ci doit subir une décompression à cause d'un accident nucléaire grave avec fusion du cœur, le mélange radioactif de vapeur et de gaz chargé d'iode passe dans le système de filtrage. L'iode y est converti et retenu, puis éliminé de manière optimale par le filtre.
Augmentation de la demande
La recherche d'un partenaire industriel pour la commercialisation du brevet de la nouvelle méthode de filtrage a commencé au PSI bien longtemps avant Fukushima, mais «le marché des filtres pour dispositifs de décompression ne s'est vraiment développé qu'à la suite de Fukushima. Le filtre à iode développé par le PSI nous fait bénéficier d'un avantage technique sur la concurrence», relève Denis Grob, directeur des services nucléaires chez CCI. Les quelque 200 collaborateurs de la société développent et fabriquent également des vannes pour circuits à vapeur de centrales électriques. L'entreprise fait partie d'IMI Severe Service Company, filiale de l'entreprise internationale IMI plc dont le siège social est implanté à Birmingham (GB).
Selon le PSI, les experts de la branche estimeraient à plus d'un milliard de francs le marché potentiel du nouveau dispositif de filtrage. Le PSI compte participer aux retombées commerciales de son système par le biais des redevances de licence.
Source
M.B./P.V. d'après un communiqué de presse du PSI du 27 avril 2012