Les raisons pour lesquelles Fermi Energia a opté pour la technologie SMR de GEH

À l’issue d'une procédure d’appel d’offres, l’entreprise estonienne privée Fermi Energia a opté pour le SMR à eau bouillante BWRX-300 développé par l’Américain GEH. Il s'agira de la première centrale nucléaire d’Estonie, et si le calendrier est respecté, celle-ci produira une électricité fiable, propre et abordable à partir de fin 2031. Fermi Energia a fait part de cette décision à l’occasion d'une conférence sur les SMR organisée le 8 février 2023 au terminal de ferry de Tallinn. Une vidéo de plusieurs heures de la manifestation, avec une traduction en anglais, ainsi que des diapo sont disponibles ici.

GEH figurait parmi les trois fournisseurs de technologie à avoir accédé à la phase finale de la procédure d'appel d’offres lancée par Fermi Energia. Les deux autres étaient l’Américain NuScale avec sa centrale VOYGR et le Britannique Rolls-Royce SMR avec son SMR Rolls-Royce. Dans un communiqué de presse relatif à sa décision de sélection, Fermi Energia avait annoncé que l’Estonie ne pouvait pas se permettre d'être trop audacieuse avec la première centrale nucléaire du pays. C’est pourquoi, dans un premier temps, les technologies de réacteur plus «exotiques», éloignées d'une mise sur le marché, n’ont pas été prises en compte. Fermi Energia a préféré miser sur des solutions éprouvées, fonctionnelles et sûres.

Un fournisseur de technologie expérimenté, des composants éprouvés et des chaînes d'approvisionnement déjà établies, auxquels s’ajoute un projet en cours
Dans une présentation, Sandor Liive, co-fondateur de Fermia Energia, a cité et expliqué les trois raisons principales pour lesquelles Fermi Energia a opté pour le BWRX-300. La technologie à eau légère sur laquelle se base le SMR de GEH est une technologie de réacteur éprouvée qui utilise des composants existants, et des expériences sont déjà acquises dans le cadre d’un projet de construction lancé au Canada: Darlington New Nuclear Project.

La technologie de réacteur à eau légère développée par GEH est un véritable «cheval de labour»: pas moins de 49 installations sont déjà en fonctionnement – notamment à Olkiluoto (Finlande) et à Forsmark (Suède). Sandor Liive a ainsi abordé le fait que GEH avait non seulement développé le SMR mais que l’entreprise bénéficiait aussi d’une incroyable expérience dans le domaine du développement, de la construction et de l’exploitation de gros réacteurs de puissance basés sur la technologie à eau bouillante. «Cette technologie a fait ses preuves et GEH a déjà construit plus de 60 installations de ce type», a déclaré M. Liive. «Le fait que la technologie soit connue constitue le premier argument.

«Le second est que le BWRX-300 utilise de nombreux composants présents dans des réacteurs déjà en fonctionnement. La taille des crayons combustibles est la même que dans les réacteurs actuels et la chaîne d'approvisionnement est donc déjà en place, et elle fonctionne», a déclaré Sandor Liive. «Le troisième argument est que la construction de la première installation de ce type est déjà lancée au Canada. Le donneur d’ouvrage est Ontario Power Generation [OPG], qui bénéficie d’une grande compétence dans le domaine nucléaire.» M. Liive a également expliqué que le fournisseur d'énergie américain Tennessee Valley Authority (TVA) avait conclu un contrat de collaboration avec GEH portant sur la construction possible d’un BWRX-300 sur le site nucléaire de Clinch River.

En Estonie, le nucléaire complétera l’éolien et le solaire
M. Liive a déclaré dans son discours que l’avenir énergétique de l’Estonie reposera sur les énergies éolienne, solaire et nucléaire. «J’avais déjà indiqué par le passé que si nous ne construisons pas une centrale nucléaire, nous devrons importer du gaz russe. Or le gaz russe n’est plus une option ni pour aujourd’hui ni pour demain». «L’agression brutale de la Russie vis-à-vis de l’Ukraine et du peuple ukrainien a mis un terme à cette possibilité.»

«Nous pouvons ainsi arrêter de nous justifier au sujet de l'énergie nucléaire en Estonie et nous concentrer sur la manière dont nous voulons construire une centrale nucléaire. Maintenant que nous avons la bonne technologie, nous pouvons, notamment, trouver un site adapté, former du personnel, obtenir un financement, évaluer des paramètres de sécurité», a déclaré M. Liive.

D'après lui, en 2020, Fermi Energia était l’une des rares entreprises d’Europe à envisager de construire des SMR. Aujourd’hui, plusieurs projets sont prévus en Finlande, aux Pays-Bas, en Pologne, en République tchèque, en Roumanie, et en Suède. Par ailleurs, le soutien au nucléaire est supérieur à 60% en Estonie. Le groupe de travail sur l’énergie nucléaire du gouvernement prépare actuellement un rapport final sur les projets dans le domaine nucléaire, qui sera achevé d’ici à la fin de l’année.

Le gouvernement prépare également la législation et la structure réglementaire estoniennes en vue de l’introduction des SMR. Par ailleurs, le Parlement estonien doit encore prendre une décision autorisant l’entrée du pays dans le nucléaire.