Les partenariat publics-privés, un réel potentiel pour le programme nucléaire indien
Le Center on Global Energy Policy estime que la volonté de l’Inde d’inviter les entreprises privées à investir dans les projets nucléaires est un premier pas révolutionnaire qui aidera le pays à atteindre ses objectifs ambitieux en matière d’utilisation de l’énergie nucléaire.
L’agence de presse du nucléaire Reuters avait annoncé en février 2024 – en citant deux sources du gouvernement – que l’Inde souhaitait solliciter les entreprises privées afin qu’elles investissent 26 milliards de dollars dans le secteur nucléaire indien. Selon elle, cela permettra d’augmenter la quantité d’électricité produite à partir de sources non émettrices.
D’après le Center on Global Energy Policy (CGEP) de la Columbia University’s School of International and Public Affairs, cela témoigne du rôle croissant joué par le secteur privé dans le développement de capacités nucléaires en Inde, alors même que l’exploitation des centrales nucléaires restera entre les mains de l’entreprise publique Nuclear Power Corporation of India Ltd (NPCIL). D’après plusieurs articles de presse, les entreprises concernées – Tata Power (un des plus gros fournisseurs d’électricité du pays), Reliance Industries, Adani Power et Vedanta Limited – pourraient investir chacune près de 5,3 milliards de dollars et réaliser des recettes issues de la vente de l’électricité, a déclaré CGEP. NPCIL a recherché des stratégies et des coopérations alternatives afin de soulever du capital pour financer des projets nucléaires, dans un contexte où le secteur privé indien montre aussi de l’intérêt à posséder et exploiter des centrales nucléaires dans le pays
Un accès progressif à l’engagement privé
Toutefois, d’après CGEP, le Department of Atomic Energy (DAE) hésiterait à ouvrir les portes au secteur privé, la production de courant nucléaire nécessitant un transfert considérable de connaissances sensibles et de technologies. Par ailleurs, l’exploitation de centrales nucléaires impose de respecter strictement les standards élevés et les mesures de sécurité en vigueur, et de maîtriser le régime de responsabilité nucléaire indien, unique. «En d’autres termes, cela signifie que le renforcement de l’engagement du secteur privé dans le domaine de l’énergie nucléaire doit être un processus progressif - et les investissements critiques constituent une première étape logique pour que le secteur privé puisse se familiariser avec les aspects importants du secteur de l’énergie nucléaire en Inde.»
La libéralisation attirera des capitaux dans de nouveaux domaines
D’après CGEP, la libéralisation contribuera à la mise en œuvre du programme nucléaire indien car elle attirera des capitaux supplémentaires dans de nouveaux secteurs grâce à la création de coentreprises et à des capitaux propres privés. Les investissements privés pourraient être autorisés dans les centrales nucléaires, dans les ressources en surface et en eau, et dans les activités de construction dans des zones situées à l’extérieur du terrain de la centrale. CGEP estime que le fait que NPCIL continuera à construire et à exploiter des centrales nucléaires et à se charger de l’approvisionnement en combustible devrait apaiser les inquiétudes de la DAE concernant un partenariat avec des entreprises privées.
NPCIL exploite actuellement 24 réacteurs nucléaires, dont 4 sont à l’arrêt prolongé. En février 2024, l’entreprise avait informé que l’Inde prévoyait d’intégrer 18 centrales nucléaires supplémentaires dans son mix énergétique sur la période 2031–2032, ce qui permettra d’augmenter la capacité nucléaire globale du pays pour la passer à 22’400 MW. NPCIL a déclaré qu’en plus des sept tranches déjà en construction, dix nouvelles d’une capacité totale de 7000 MW sont en phase de «pré-projet». Une fois que le nouvel accord sur des investissements issus du secteur privé sera mis en œuvre, les entreprises devraient être impliquées dans certaines des activités d’avant-projet.
Source
M.A. M.A./C.B. d’après NucNet du 25 mars 2024, un communiqué de presse du Center on Global Energy Policy du 13 mars 2024, et Reuters du 21 février 2024
References
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