Les évènements en Ukraine d'après des informations de l’AIEA du 7 mars 2022
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) suit la situation en Ukraine et est en contact permanent avec l’autorité ukrainienne de sûreté nucléaire, la SNRIU. Dans sa mise à jour 14 du 7 mars, elle fournit un bon aperçu de la situation et de l’état des installations nucléaires sur place. Ces informations concernent tant les centrales nucléaires et les dépôts de déchets radioactifs que les instituts de recherche et les hôpitaux qui utilisent des sources radioactives. Sur les 15 réacteurs du pays, huit sont actuellement en service.
Le résumé suivant est basé sur des informations de l’AIEA.
L’installation de production de radionucléides médicaux à Kharkiv a été endommagée
Le 7 mars, l’Ukraine a informé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qu’une nouvelle installation de recherche nucléaire produisant des radio-isotopes pour les applications médicales et industrielles avait été endommagée par les bombardements de la ville de Kharkiv, d'après le Directeur général, Rafael Mariano Grossi. La SNRIU a indiqué que l’incident n’avait pas entraîné de hausse des niveaux de rayonnements sur le site.
L’installation du Kharkiv Institute of Physics and Technology (KIPT), située dans le nord-est de l’Ukraine, sert à la recherche et au développement ainsi qu’à la production de radio-isotopes, utilisés par exemple pour le diagnostic et le traitement de maladies telles que les cancers. Étant donné que les matières nucléaires qu’elle contient sont toujours sous-critiques et que son stock de matières radioactives est très faible, l’AIEA a confirmé à l’issue de son évaluation que les dégâts signalés n'avaient aucune conséquence radiologique.
Néanmoins, l’agence estime que l’incident survenu dimanche met en relief une fois de plus les risques qui pèsent sur les installations nucléaires de l’Ukraine pendant le conflit armé, rendant d’autant plus urgente une initiative de sa part visant à garantir la sûreté et la sécurité nucléaires dans le pays. Ce d'autant plus qu’elle a déjà assisté à plusieurs évènements compromettant la sûreté sur les sites nucléaires ukrainiens, a déclaré M. Grossi.
Différentes installations avaient déjà été touchées par le passé
Le 27 février, l’Ukraine a annoncé que des missiles avaient touché le site d’une installation de stockage définitif de déchets radioactifs dans la capitale Kiev, mais qu’il n’y avait pas eu de rejet de matières radioactives. La veille, un transformateur électrique d’une installation de stockage définitif similaire près de Kharkiv avait été endommagé. Le 4 mars, jour où les forces russes ont pris le contrôle du site, l’Ukraine a indiqué que le centre de formation de la centrale nucléaire de Zaporijia avait été touché par un projectile, provoquant un incendie qui avait ensuite été éteint.
Aucune communication avec les responsables du port de Marioupol
La SNRIU a également informé l’AIEA qu’il n’y avait toujours aucune communication avec les entreprises et institutions qui utilisent des sources de rayonnements des catégories 1 à 3 dans la ville portuaire de Marioupol, dans l’est du pays, y compris avec le centre d’oncologie. D’après l’AIEA, la sûreté et la sécurité de ces entreprises et institutions ne pouvaient donc pas être confirmées. «De telles matières radioactives peuvent causer de graves atteintes aux personnes si elles ne sont pas sécurisées et gérées correctement.», a indiqué l’AIEA dans sa mise à jour.
Le directeur général, M. Grossi, disposé à agir personnellement
Lors d’une réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA du 7 mars, M. Grossi s’était dit disposé à se rendre à Tchernobyl afin de s'assurer de l’engagement des deux parties à veiller à la sécurité de l’ensemble des centrales nucléaires ukrainiennes. Sur le site de l’accident de 1986, les installations nucléaires sont sous le contrôle des forces russes depuis le 24 février. «L’équipe actuelle de quelque 210 techniciens et gardes n’a toujours pas pu être relayée», a indiqué la SNRIU. Le même personnel est sur le site depuis maintenant 12 jours. M. Grossi a souligné à plusieurs reprises qu’il importait que le personnel d’exploitation puisse se reposer pour s’acquitter de ses tâches importantes en toute sûreté et sécurité.
Les livraisons dans la centrale de Zaporijia sont actuellement impossibles
D'après l’AIEA, la SNRIU a fait part d’une autre évolution inquiétante, à savoir qu’il était actuellement impossible de livrer des pièces de rechange ou des médicaments à la centrale nucléaire de Zaporijia, un jour après que le pays a déclaré que la direction de la centrale était désormais sous les ordres du commandant des forces russes contrôlant le site. D'après l’autorité, le personnel de la centrale pouvait toutefois se relayer. Le Directeur général a réaffirmé que le fait de soumettre le personnel d’exploitation à l’autorité du commandant des forces armées russes allait à l’encontre d’un des piliers indispensables de la sûreté nucléaire.
En ce qui concerne la situation des centrales nucléaires ukrainiennes, la SNRIU a indiqué que huit des 15 réacteurs du pays étaient en exploitation, dont deux à la centrale de Zaporijia.
Source
B.G./C.B. d’après un communiqué de presse de l’AIEA du 7 mars 2022
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