Les centrales nucléaires allemandes bien pourvues contre les inondations et les pannes de réseau
Le 17 mai 2011, la Commission de sûreté nucléaire allemande (RSK) a remis son rapport d'évaluation des centrales nucléaires au ministère fédéral de l'Environnement, de la Protection de la nature et de la Sûreté nucléaire. Une première approche montre déjà que les installations allemandes sont plus sûres du point de vue de l'alimentation en énergie électrique que leurs homologues japonaises. Elles présentent également une meilleure protection contre la submersion.
Après l'accident de réacteur sur le site japonais de Fukushima-Daiichi, le gouvernement fédéral a décidé de faire vérifier la sûreté de toutes les centrales nucléaires allemandes. Il a donc chargé la RSK de procéder à la vérification approfondie et à une nouvelle évaluation des normes de sécurité de l'ensemble des centrales nucléaires. A la fin mars 2011, la RSK avait présenté les spécifications de la vérification de la sûreté des centrales nucléaires allemandes.
Lors de ces contrôles de la sûreté, les évaluations de la commission se sont orientées sur des risques allant au-delà de toutes les hypothèses prises en compte jusqu'à présent. C'est ainsi qu'il a été supposé qu'il pouvait se produire une crue exceptionnelle jamais enregistrée auparavant. Les centrales nucléaires ont donc été contrôlées à l'aune d'événements menaçants pour lesquels il avait été simplement jusqu'alors considéré qu'ils pouvaient éventuellement se produire. Globalement, la RSK a toutefois pratiquement exclu, pour l'Allemagne et selon l'état actuel des connaissances, des événements tels que ceux qui se sont produits au Japon, et ceci quel que soit le type d'installation nucléaire concerné.
Les installations allemandes sont robustes
La commission a constaté que l'alimentation électrique externe des centrales nucléaires allemandes était bien plus fiable qu'à Fukushima-Daiichi. C'est ainsi que l'ensemble des installations allemandes dispose au moins d'une alimentation électrique sécurisée supplémentaire. Les centrales nucléaires allemandes disposent en outre d'un nombre nettement plus important de groupes générateurs de secours. Au moins deux d'entre eux sont protégés contre des agressions extérieures dans chaque centrale nucléaire.
En revanche, sept des 17 tranches nucléaires disposant d'une autorisation d'exploitation ne seraient pas suffisamment protégées contre la chute d'un gros avion de ligne; elles ont toutes été couplées au réseau pour la première fois entre 1974 et 1979 et sont actuellement à l'arrêt. Sur les dix tranches les plus récentes, une expertise complémentaire effectuée en 2002 avait permis de constater que la structure du bâtiment de réacteur restait intègre en cas de telle chute. Cependant, la RSK demande encore pour toutes ces installations des preuves supplémentaires concernant la résistance aux feux de carburant.
Norbert Röttgen, ministre fédéral de l'Environnement, a déclaré à la conférence de presse du 17 mai 2011 que les contrôles de sûreté n'avaient pas apporté de connaissances nouvelles concernant les différentes conceptions constructives de protection des centrales nucléaires contre les chutes d'aéronefs. Il revenait toutefois au pouvoir politique de décider si un tel risque de «civilisation» pouvait être accepté. Le ministre devait également insister sur le fait qu'il n'était pas nécessaire d'arrêter les centrales nucléaires immédiatement ou à court terme pour des raisons techniques de sécurité. Néanmoins, «nous nous en tenons au postulat de quitter aussi rapidement et aussi raisonnablement que possible la voie de l'énergie nucléaire pour la remplacer par des énergies renouvelables et par l'efficacité énergétique».
Etapes à venir
Les résultats de l'enquête de la commission vont à présent faire l'objet de discussions, de même que le rapport de la Commission d'éthique pour un approvisionnement sûr en énergie. Ce dernier sera remis au gouvernement allemand le 30 mai 2011. Le moratoire prend fin le 15 juin. Dans la semaine qui précède, le cabinet de la Chancelière préparera les projets de loi sur la sortie du nucléaire et sur la réorientation accélérée de la politique énergétique.
Source
M.A./P.C. d'après des communiqués de presse du 17 mai du BMU et de la RSK, et la prise de position «Anlagenspezifische Sicherheitsüberprüfung deutscher Kernkraftwerke unter Berücksichtigung der Ereignisse in Fukushima-I» RSK du 16 mai 2011