Le Livre blanc du gouvernement britannique sur la future politique énergétique
A l'issue d'une vaste consultation, le gouvernement britannique a élaboré un Livre blanc intitulé "Notre avenir énergétique - Pour une économie sans émissions de gaz carbonique". Ce document est disponible depuis le 24 février 2003.
Il fixe quatre buts ambitieux en matière de politique énergétique: la réduction en Grande-Bretagne, d'ici 2050, de 60% des émissions carboniques par rapport au niveau de 1990, le maintien d'un approvisionnement fiable, l'encouragement de la compétitivité des marchés énergétiques en Grande-Bretagne, et la garantie pour chaque logement d'être suffisamment chauffé et à un prix abordable.
En ce qui concerne les moyens proposés pour atteindre ces objectifs, le Livre blanc ne donne guère de consignes et laisse principalement au marché le soin de développer des mesures adéquates. Néanmoins, selon la ministre du commerce et de l'industrie, Patricia Hewitt, la production d'électricité à partir des énergies renouvelables devrait atteindre 10% en 2010 et doubler avant 2020. Dans ce but, le gouvernement compte soutenir les énergies renouvelables en accordant 348 millions livres sterling (environ 820 millions de francs suisses) supplémentaires dans les quatre prochaines années et supprimer les obstacles à leur exploitation. De plus, à partir de 2005, un nouveau système de négoce de certificats verts favorisant le recours à des énergies propres devrait entrer en vigueur. Enfin, il est prévu d'instituer rapidement des normes plus strictes afin de renforcer l'efficacité énergétique des nouveaux logements et des nouveaux appareils. Mme Hewitt a par ailleurs ajouté ce qui suit: "Le gouvernement prend très au sérieux le thème de la diminution des émissions carboniques, mais nous sommes conscients que cela ne peut se faire sans une réorientation fondamentale de la production d'électricité et de la consommation. Nous devons réduire notre consommation en améliorant l'efficacité énergétique et, pour ce faire, donner la priorité aux énergies renouvelables."
Le Livre blanc ne contient aucun projet concret quant à la construction de nouvelles centrales électriques. Il ne donne pas d'indications précises pour la concrétisation du mix énergétique, car le gouvernement s'en remet au marché qu'il estime compétent en la matière. Dans le même temps, le gouvernement n'exclut pas les centrales nucléaires de ce processus. Le Livre blanc explique en effet que l'énergie nucléaire pourrait un jour être nécessaire pour satisfaire aux exigences en termes de réduction des émissions carboniques. L'énergie nucléaire n'émet certes pas de gaz à effet de serre, mais "elle ne présente pas dans l'immédiat d'attrait économique". Selon l'analyse de la situation parue dans le Livre blanc, la part de l'énergie nucléaire dans la production d'électricité actuelle devrait diminuer pour passer de 25% à 0% en 2025 quand la dernière centrale nucléaire britannique sera arrêtée si l'autorisation d'exploitation des centrales nucléaires existantes n'est pas prolongée et si aucune nouvelle tranche n'est construite. Le Livre blanc précise que ces changements ne sont pas du ressort du gouvernement, mais concernent plutôt l'industrie qui doit soumettre des projets pour de nouvelles centrales nucléaires. D'après le Livre blanc, le gouvernement devrait lancer une vaste consultation avant d'autoriser la construction de nouvelles centrales nucléaires.
Les premières réactions des milieux économiques à la publication du Livre blanc sont empreintes d'une certaine déception. Certes, les commentateurs saluent les efforts déployés pour fixer des buts à long terme d'ici 2050 et ne rien exclure. Mais ils critiquent le manque d'objectifs concrets et d'évocation de la rentabilité des énergies renouvelables. Si, comme le préconise le Livre blanc, on laisse au marché la responsabilité de développer le mix, la Grande-Bretagne risque de continuer à utiliser surtout des énergies fossiles, principalement du gaz naturel importé pour compenser la diminution de ses propres réserves de charbon d'ici dix ans et de ses réserves de la mer du Nord en pétrole et en gaz d'ici vingt ans. Un tel développement conduit à une impasse et le Livre blanc n'explique pas comment en sortir, constatent les commentateurs. Ils craignent que, au lieu d'anticiper les décisions relatives aux investissements qui doivent être prises en particulier dans le secteur des centrales électriques, le gouvernement reporte ce débat à un avenir incertain.
Source
P.B./C.P., d'après des communiqués de presse du Department of Transport and Industry et du British Nuclear Industry Forum du 24 février 2003, et d'après NucNet des 24 et 25 février 2003
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