La Royal Society critique la politique climatique britannique
La Royal Society, l’organisation faîtière des académies scientifiques britanniques, dénonce le danger d’une nouvelle augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Dans un rapport qu'elle vient de publier, elle invite le gouvernement à supprimer la taxe climatique qui est aussi perçue aujourd'hui sur l'énergie nucléaire et à la remplacer par un impôt sur le carbone ou par un système prévoyant des certificats d'émission de CO2. La Royal Society rejoint ainsi les critiques formulées par l'Agence internationale de l'énergie AIE et s'associe aux propositions de David King, conseiller scientifique du gouvernement. Le rapport de la Royal Society intitulé "Instruments scientifiques pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre" a été rédigé par un groupe de travail dirigé par Sir Eric Ash; il se réfère au Livre blanc que le gouvernement a publié l'été dernier, projet en consultation.
Sir Eric Ash a souligné ce qui suit lors de la publication du rapport: "La taxe climatique n'est pas un moyen efficace pour diminuer la quantité de dioxyde de carbone rejetée dans l'atmosphère car elle est perçue sur l'énergie, et non pas sur les gaz à effet de serre. De plus, cette taxe ne s'applique pas aux combustibles et carburants fossiles des ménages et des transports. Elle pénalise par contre la production d'électricité sans émissions de gaz à effet de serre. Le thème essentiel du Livre blanc du gouvernement doit être de savoir comment il faut calculer le prix que doivent coûter les émissions de CO2 dans l'atmosphère. Notre groupe de scientifiques et d'économistes a examiné toutes les options et considère qu'une taxe perçue sur l'ensemble des émissions de dioxyde de carbone ou un système de certificats négociables d'émissions constitueraient le moyen le plus efficace pour limiter la quantité d'émissions de gaz." Sir Eric Ash a aussi rappelé ce qui suit: "Les émissions de CO2 de la Grande-Bretagne recommencent à augmenter. Si le gouvernement laisse passer l'occasion de renverser cette tendance dans son Livre blanc, le Royaume-Uni pourrait accélérer l'amorce d'un changement climatique potentiellement catastrophique."
Le rapport recommande d'appliquer la taxe sur le carbone ou le système de certificats à tous les producteurs de CO2, donc aussi aux ménages. Le gouvernement devrait toutefois verser des indemnités compensatoires aux membres les plus défavorisés de la société, indemnités qui pourraient par exemple être imputées sur les pensions de l'Etat. Une taxe sur le carbone de 1 penny par kWh d'électricité ou de 6 pennies par litre de mazout devrait être suffisante pour commencer. Selon le rapport de la Royal Society, les certificats devraient être octroyés sur la base des émissions actuelles et être mis sur le marché le plus rapidement possible. Il remet en question le point de vue selon lequel ces taxes et ces certificats porteraient gravement atteinte à l'économie. "Plusieurs études indépendantes ont montré que les coûts d'une diminution même drastique des émissions seraient modestes. Selon des estimations, ils atteindraient dans les 100 prochaines années un ordre de grandeur de 1% environ du produit social brut mondial. Par rapport à la croissance escomptée de 1 à 3% par an de l'économie mondiale pendant cette période, ces coûts seraient donc modestes." Les taxes et les certificats entraîneraient un renchérissement des combustibles fossiles et rendraient plus compétitives les énergies renouvelables et l'énergie nucléaire, qui n'émettent pas de gaz à effet de serre. Ce rapport, que l'on peut consulter sur Internet, suggère que le gouvernement britannique s'engage en faveur de l'introduction de ce système de taxes et de certificats dans l'ensemble de l'Union européenne, et aussi dans le monde entier.
Source
P.B./C.P. d’après un communiqué de presse de la Royal Society du 18 novembre 2002