La Hongrie projette deux nouvelles tranches nucléaires à Paks
La Hongrie a l'intention de construire deux nouvelles tranches nucléaires sur le site de Paks. La procédure d'appel d'offres devrait être lancée l'année prochaine. Cette information a été confirmée le 15 février 2010 par Janos Süli, CEO de Paks, à l'occasion du congrès PIME (Public Information Materials Exchange) à Budapest.
Les tranches projetées seraient mises en service en 2020 et 2025 respectivement. Les fournisseurs qui entrent en considération sont Areva (EPR), Areva et Mitsubishi (Atmea), Toshiba et Westinghouse (AP1000), ainsi que l'Atomstroiexport russe. Pour des raisons de coûts, une tranche d'une puissance assez élevée, donc une tranche de 1600 MW, serait préférable, a indiqué le CEO de Paks. Du point de vue de l'exploitation par contre, les tranches de 1000 MW sont plus flexibles, et la flexibilité est un «must», a-t-il précisé, en ajoutant que seule une conception déjà éprouvée serait sélectionnée.
La Hongrie, un pays qui est pour le nucléaire
Fin mars 2009, le Parlement hongrois avait approuvé à une grande majorité une décision de principe qui autorise la construction d'une nouvelle tranche nucléaire sur le site de Paks. Selon Janos Süli, des sondages montrent que quelque 70% de la population hongroise est favorable à l'utilisation de l'énergie nucléaire, un pourcentage qui ne s'est guères modifié au cours de ces dix dernières années.
La centrale nucléaire de Paks soulève un vif intérêt parmi le public: jusqu'à présent, quelque 360'000 personnes ont visité l'installation, dont on peut voir également l'intérieur, a indiqué Janos Süli. Par ailleurs, un camion d'information, en route depuis 2009, sert de plate-forme pour le dialogue avec la population.
Elévations de puissance à Paks …
Paks se trouve sur le Danube, à une centaine de kilomètres au sud de Budapest. Ce site nucléaire compte quatre réacteurs à eau sous pression du type soviétique VVER-440/213 en service qui ont été construits dans les années 1980. Ces dernières années, un programme de modernisation a permis de faire passer la puissance électrique globale de la centrale de 1760 MW à quelque 2000 MW aujourd'hui.
Les quatre tranches de Paks, la seule centrale nucléaire de la Hongrie, produisent actuellement 40% environ de l'électricité nationale. La Hongrie produit la majeure partie du reste de l'électricité dans des centrales à combustible fossile, le potentiel hydraulique du pays étant très faible pour des raisons topographiques.
La Hongrie se trouve placée aujourd'hui devant des défis importants en matière d'approvisionnement énergétique. C'est ainsi que des centrales à combustible fossile représentant quelque 4000 MW vont devoir être arrêtées d'ici 2020 pour raisons d'âge. Par ailleurs, le conflit du gaz entre la Russie et l'Ukraine en 2009, avec les interruptions des livraisons de gaz ainsi provoquées, a beaucoup sensibilisé la population hongroise et les milieux politiques à la question de la sécurité de l'approvisionnement électrique.
… et prolongation de la durée d'exploitation
Dans ces circonstances, et conformément à la tendance internationale, la durée d'exploitation des quatre tranches de Paks devrait être prolongée à 50 ans, à savoir jusqu'en 2032 pour Paks 1, 2034 pour Paks 2, 2036 pour Paks 3 et 2037 pour Paks 4. La durée de fonctionnement initialement prévue était de 30 ans. Les installations auraient dû être arrêtées alors entre 2012 et 2017.
Selon Janos Süli, l'autorité hongroise de la sûreté nucléaire a déjà confirmé qu'elle ne voyait aucune objection à cette prolongation d'exploitation. D'après son estimation, l'autorisation correspondante devrait être accordée en 2012. Le parlement hongrois a donné son aval au projet dès novembre 2005 à une majorité de plus de 90%.
Le paramètre clé de la prolongation d'exploitation est une gestion systématique du vieillissement des composants principaux de la centrale. Ces activités ont été lancées il y a dix ans déjà et les analyses montrent que la sûreté pourra être garantie même après 50 ans de fonctionnement. Mais la prolongation signifie aussi qu'il faudra former un grand nombre de jeunes spécialistes dans la mesure où la première génération des ingénieurs de Paks va partir à la retraite dans les années à venir.
Source
M.S./C.P. d'après une visite sur place du 17 février 2010