La France développe une centrale nucléaire modulaire sous-marine
Le groupe français DCNS envisage de développer avec le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Areva et Electricité de France (EDF) une centrale nucléaire modulaire pouvant être exploitée sous la mer. Ancrée sur des fonds marins, cette installation de taille relativement réduite est destinée à alimenter des îles et des régions côtières isolées en énergie électrique.
Cette centrale nucléaire sous-marine de conception modulaire et dénommée Flexblue doit assurer la fourniture de 50 à 250 MWe. Selon la conception actuelle, le cœur de réacteur, la turbine et le générateur, ainsi que tout l'équipement électrique, seront logés dans une enveloppe cylindrique de près de 100 mètres de long et d'un diamètre compris entre 12 et 15 m. Des navires de charge à radier immergeable transporteront cette unité d'une masse de l'ordre de 12'000 t jusqu'à sa position d'immersion, de manière idéale à quelques kilomètres de la côte, par des fonds de 60 à 100 m. Les opérateurs exploiteront Flexblue à partir de la terre. Chaque unité disposera toutefois d'une salle de commande intégrée permettant entre autres les opérations de mise en fonction et d'arrêt sur place. De plus, l'installation est accessible à tout moment avec de petits sous-marins.
Le groupe DCNS peut se prévaloir de plus de 40 années d'expérience dans la construction de navires. L'entreprise à participation publique majoritaire construit des sous-marins nucléaires, des frégates et des porte-avions. Le groupe s'est également familiarisé entre-temps avec la branche nucléaire civile. C'est ainsi que des éléments de grosse chaudronnerie destinés au réacteur EPR en construction à Flamanville (France) sont réalisés par DCNS. Pour l'étude du projet Flexblue, les concepteurs peuvent donc tabler sur une grande expérience et sur des techniques éprouvées.
Pourquoi sous l'eau?
En comparaison des centrales nucléaires réalisées à terre, le concept Flexblue n'exige pratiquement pas de préparation spécifique du site, c'est du moins ce que les concepteurs ont prévu. Comme c'est déjà le cas pour les sous-marins à propulsion nucléaire, le cœur du réacteur est encapsulé de manière qu'aucune matière radioactive ne puisse entrer en contact avec l'environnement. De robustes grilles sont en outre destinées à protéger l'installation. Selon DCNS, les installations Flexblue ne laissent qu'une très faible empreinte écologique: seule l'eau de mer nécessaire au refroidissement est rejetée dans l'espace aquatique environnant.
Prochaines étapes
DCNS va développer le concept avec ses trois partenaires au cours des deux prochaines années. Ces travaux concerneront les analyses de marché, les conditions de compétitivité économiques par rapport à d'autres sources de production d'énergie, la problématique de la lutte contre la prolifération et la sécurité des installations immergées de production d'énergie électrique.
La Russie construit une centrale nucléaire flottante
La Russie poursuit une autre stratégie pour une application analogue. Les travaux de construction d'une centrale nucléaire flottante sont en cours depuis avril 2007. L'unité dénommée Akademik Lomonosov consiste en une barge sans système de propulsion qui sera remorquée vers des régions isolées. L'énergie est fournie par deux réacteurs de type KLT-40S, d'une puissance électrique brute de 35 MW chacun. La mise à l'eau de l'Akademik Lomonosov a été fêtée à Saint-Pétersbourg en juin 2010. La fin du montage est attendue pour 2011. Les réacteurs doivent être chargés en combustible en 2012 puis amenés à leur lieu d'utilisation.
Source
M.B./P.C. d'après un communiqué de presse et de la documentation du DCNS du 20 janvier 2011