G8 et Chine: davantage d’énergie nucléaire pour la protection du climat
La déclaration finale du sommet du G8, le 7 juin 2007, à Heiligendamm (Allemagne), confirme la position de sommets du G7 et du G8 précédents concernant l’énergie nucléaire: celle-ci contribue à la sécurité énergétique mondiale, diminue la pollution de l’air et contribue à ménager le climat. Dans cette déclaration, les huit pays industrialisés s’engagent à lutter contre le changement climatique provoqué par les gaz à effet de serre, et invitent les pays en voie d’industrialisation à faire de même. En tant que principal pays émergent, la Chine avait déjà annoncé, avant le sommet, son propre programme sur le changement climatique. Ce programme prévoit notamment une extension de l’énergie nucléaire.
Dans le cadre de ce sommet du G8 placé sur le thème «Croissance et responsabilité», l'énergie a constitué une nouvelle fois l'un des points principaux de discussion entre les chefs d'Etat et de gouvernement des huit pays les plus industrialisés. Le résultat de ces discussions est que parallèlement à la garantie de la sécurité énergétique, la lutte contre «un changement climatique dangereux» constitue le deuxième défi à long terme auquel il s'agit de faire face. En perspective de cet objectif, les pays du G8 se sont engagés à diminuer de manière substantielle les émissions de gaz à effet de serre et à examiner sérieusement la proposition du Canada, du Japon et de l'UE de réduire de moitié ces émissions d'ici 2050. Les pays émergents les plus importants ont été invités à se rallier à ce projet.
L'énergie nucléaire, partie de la solution
Le G8 incluait déjà auparavant l'extension de l'énergie nucléaire dans le paquet de mesures susceptibles de mettre en place un approvisionnement énergétique préservant le climat. «Reconnaissant le fait que les membres du G8 emprunteront des voies diverses pour atteindre leur objectif de diversification dans le secteur de l'énergie», le G8 a renouvelé à Heiligendamm ses engagements antérieurs (G8 du 16 juillet 2006): «Ceux d'entre nous qui ont ou qui étudient des projets d'utilisation et/ou de développement de l'énergie nucléaire dans le respect des conditions de sûreté et de sécurité considèrent que le développement de cette source d'énergie contribuera à la sécurité énergétique mondiale tout en réduisant la pollution de l'air et en tenant compte du problème que pose le changement climatique.»
Le G8 regroupe l'Allemagne, le Canada, la France, l'Italie, le Japon, le Royaume-Uni, la Russie et les USA. A l'exception de l'Italie, tous les pays du G8 utilisent l'énergie nucléaire. Ils représentent ensemble les trois quarts de la capacité nucléaire mondiale installée.
«Sûreté avant tout»
Dans sa déclaration finale, le G8 prend note des divers programmes internationaux de poursuite du développement de l'énergie nucléaire, et en particulier de l'initiative «Global Nuclear Energy Partnership» (GNEP), des initiatives relatives à la mise en place de centres multinationaux de production de combustibles nucléaires, ainsi que du projet International Forum Generation IV. Les pays du G8 admettent également «l'importance déterminante de la sûreté, de la sécurité et de la non-prolifération dans le domaine de l'utilisation de l'énergie nucléaire». Le Groupe sur la sûreté et la sécurité nucléaires du G8 va poursuivre ses travaux dans ce sens. Ce groupe avait été constitué lors du sommet 2002 du G8 à Kananaskis, au Canada.
Selon le rapport préparatoire de ce groupe, le G8 est attaché au principe de la «sûreté avant tout». Les conventions et les normes de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) constituent un bon point de départ à cette fin. Les pays du G8 entendent par ailleurs soutenir le Code de conduite de l'AIEA sur la sûreté et la sécurité des sources radioactives, ainsi que le Centre des incidents et des urgences de l'AIEA. Le G8 a également réaffirmé des engagements précédents du G7 et du G8 concernant l'encouragement et le cofinancement de l'assainissement du site de Tchernobyl.
La Chine suit sa propre voie … avec l'énergie nucléaire
C'est certainement en perspective du sommet du G8, qui prévoyait des entretiens avec les chefs d'Etat des principaux pays émergents, notamment de la République populaire de Chine, que l'influente Commission nationale chinoise du développement et de la réforme a publié début juin 2007 un vaste «Programme national sur les changements climatiques». Ce programme décrit sur 62 pages, en anglais, la part de la Chine dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre, les conséquences d'une modification climatique pour le pays, ainsi que toute une série de principes directeurs et de mesures destinés à lutter contre les causes et l'impact du phénomène sur l'économie nationale.
Parmi les mesures considérées comme efficaces, on trouve l'encouragement actif de l'énergie nucléaire. Selon le Programme, la construction de nouvelles centrales nucléaires devrait progresser notamment dans les régions côtières, où les besoins en électricité augmentent le plus rapidement. La Chine devrait viser ici le principe de l'auto-approvisionnement et aménager elle-même dans le pays de grandes centrales nucléaires utilisant une technique avancée standardisée. Comme le précise encore le Programme, la recherche et développement dans le domaine des réacteurs rapides refroidis au sodium devrait faire l'objet d'un encouragement particulier.
Encore pas d'objectifs concrets
Les deux tiers de l'approvisionnement énergétique de la Chine proviennent actuellement du charbon. Malgré les mesures proposées, ceci ne devrait pas changer si rapidement, la croissance économique étant prioritaire, même dans le Programme national sur les changements climatiques. Les émissions de gaz à effet de serre sont encore inférieures à la moyenne internationale. Mais les dimensions gigantesques du pays - un cinquième environ de la population mondiale vit en Chine - et la rapidité de la croissance économique font que dans quelques années, la Chine sera sans aucun doute le plus gros émetteur de gaz à effet de serre dans le monde. Ceci augmente la pression exercée sur le pays pour qu'il introduise une politique active de réduction des émissions.
Le Programme chinois mentionné n'indique aucun objectif concret de réduction et met seulement en évidence le potentiel des mesures proposées. Ceci n'a pas empêché le ministre chinois de la science, M. Wan Gang, de critiquer «l'insuffisance» de la déclaration du G8: si cette déclaration constitue un premier pas dans la bonne direction, les pays industrialisés ont quand même omis de s'engager sur des objectifs contraignants, a dénoncé le ministre.
Source
P.B./C.P. d’après le Programme sur les changements climatiques de la Commission chinoise du développement et de la réforme, 4 juin, la Déclaration du 7 juin du sommet du G8 de Heiligendamm
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