France: une nouvelle étude sur la leucémie confirme la théorie des "mouvements de population"
Une nouvelle étude sur la leucémie renforce le consensus croissant parmi les scientifiques selon lequel les "agrégats" de leucémies à proximité de grands complexes industriels résultent probablement de "mouvements rapides de population" dans des régions auparavant isolées.
L'étude, conduite par une équipe dirigée par l'épidémiologiste français renommé Alfred Spira, confirme pour la première fois qu'il existe un excès statistiquement significatif de leucémies parmi les jeunes vivant dans le Nord-Cotentin, autour de l'usine française de retraitement de La Hague. Les auteurs concluent toutefois qu'il est "très improbable" que l'incidence accrue soit liée à des rejets radioactifs de l'usine de La Hague. Ils soulignent qu'une étude détaillée réalisée par des radiologues français avait estimé que l'impact théorique des émissions de La Hague et d'autres installations nucléaires voisines - à savoir 0,0014 cas de leucémie au total pour le même groupe de population pendant une période de presque 20 ans - était en fait indécelable.
L'étude se réfère également aux résultats de plus de 10 années de recherches sur un lien possible entre l'exposition aux radiations dues aux activités de l'homme et un léger excès de leucémies infantiles dans les environs de l'usine de retraitement de BNFL à Sellafield, dans le nord-ouest de l'Angleterre. L'étude britannique avait exclu tout lien direct et suggéré que la cause la plus vraisemblable de cet excès était le mouvement de population intervenu lorsqu'un grand nombre de travailleurs avait déménagé près d'un site industriel isolé.
L'objectif principal de cette étude était de compléter les résultats de recherches épidémiologiques antérieures sur ce sujet en rassemblant des statistiques détaillées relatives à l'incidence de leucémies chez les moins de 25 ans vivant dans un rayon de 35 km autour de l'usine de La Hague, dans le Nord-Cotentin, et en ajoutant en particulier aux résultats de la période de 1978 à 1992 des données nouvelles recueillies de 1993 à 1998.
Sur l'ensemble de la zone de 35 km, on n'a pas constaté de différence significative entre le nombre de cas de leucémies observés (38) et le nombre de cas attendus (36,93). Dans un rayon de 10 km autour du site, le nombre de cas observés (5) est plus élevé que le nombre de cas attendus (2,3). Le taux d'incidence standard le plus élevé pour un groupe d'âge dans cette région a été trouvé parmi les enfants âgés de 5 à 9 ans: trois cas ont été observés, comparés au 0,47 cas attendu.
Les auteurs précisent ce qui suit: "Il est très improbable que l'exposition aux rejets radioactifs des installations nucléaires du Nord-Cotentin puisse être à l'origine d'une augmentation décelable de l'incidence de leucémies à Beaumont-Hague … Une étude sur les mouvements de population et les leucémies infantiles dans le Nord-Cotentin est en cours. En fait, il semble difficile à l'heure actuelle de dissocier la corrélation entre incidence de leucémies et proximité de l'usine de la corrélation entre leucémies et mouvements de population."
Cogema, exploitante de l'usine de La Hague, s'est félicitée de la publication de cette étude et a souligné qu'elle soutenait "toutes les démarches scientifiques visant à faire progresser les connaissances sur ce sujet".
Source
D.S./C.P. d’après NucNet du 27 juin 2001