FMB mise sur l'énergie nucléaire, ou éventuellement sur le gaz naturel
Parallèlement à l'extension du réseau de distribution de l'électricité, la prolongation de l'autorisation d'exploitation de la centrale nucléaire de Mühleberg, limitée pour l'instant à 2012, vient en tête des mesures envisagées par BKW FMB Energie SA pour garantir l'approvisionnement électrique futur.
L'entreprise estime à quelque 100 millions de francs les investissements nécessaires à cette fin, a précisé FMB lors d'une conférence de presse organisée le 20 octobre 2004. Pour la période qui suivra l'arrêt de Mühleberg, les deux options du nucléaire et des centrales à gaz doivent être maintenues, a déclaré Kurt Rohrbach, le président de FMB.
FMB se fonde sur une augmentation annuelle de la demande en électricité de ses clients de 0,5 à 1%. Il s'agira par ailleurs de remplacer, dans les décennies à venir, la centrale nucléaire de Mühleberg et celle de Fessenheim, en Alsace, centrale dans laquelle FMB détient des droits de prélèvement. Pour FMB, cela signifie que quelque 600 MW devront être mis à disposition d'ici 2030 dans de nouvelles centrales électriques situées en Suisse, ou près des frontières. Fautes d'alternatives concurrentielles, seules des centrales nucléaires ou des centrales à gaz entreraient ici en considération, pour autant que la taxe prévue sur le CO2"ne réduise pas à néant la rentabilité et la compétitivité" de ces centrales à gaz, a précisé M. Rohrbach.
Le point de vue de FMB se distingue nettement de la stratégie énergétique que le gouvernement cantonal bernois a présentée fin août 2004. Aux termes de cette stratégie, le déficit prévisible d'électricité serait comblé par la prolongation de la durée d'exploitation de Mühleberg, tandis qu'à partir de 2034, la production d'électricité serait assurée dans son intégralité par les énergies renouvelables. Si Mühleberg devait être arrêtée en 2012, l'énergie nucléaire serait remplacée, dans une phase transitoire, par le gaz naturel. De 2012 à 2022, les centrales à cycle combiné alimentées au gaz qui seraient alors nécessaires rejetteraient de manière incontrôlée quelque huit millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère, indique le rapport du gouvernement bernois, qui constate ce qui suit: "Ces émanations de gaz à effet de serre sont en contradiction avec l'objectif de la politique climatique globale (Protocole de Kyoto)." Le 16 novembre 2004, la stratégie énergétique a été renvoyée par le Grand Conseil du canton de Berne au Conseil-exécutif avec le mandat de présenter une nouvelle stratégie qui, en particulier, laisse ouverte l'option de l'énergie nucléaire.
Les chefs de file du PRD et de l'UDC suisses ont réagi positivement à la prise de position pronucléaire des FMB: Le président du PRD Rolf Schweiger, qui s'est retiré entre temps pour des raisons de santé, a déclaré au journal «NZZ am Sonntag» que le PRD était majoritairement favorable à l'électricité d'origine nucléaire. Quant au président de l'UDC Ueli Maurer, il s'est exprimé très clairement sur le sujet: "Le parti serait favorable à la construction d'une nouvelle centrale nucléaire". Début septembre, le président du PDC d'Argovie Theo Vögtli avait déclaré au congrès cantonal du parti que Beznau 3 s'imposerait un jour pour remplacer les deux centrales nucléaires actuelles de Beznau 1 et 2. Lors d'une conférence de presse qui a eu lieu le 9 novembre 2004, le PS du canton de Berne et les Verts de Suisse ont souligné par contre qu'ils s'opposaient à une nouvelle centrale nucléaire et qu'ils soutenaient la stratégie énergétique du gouvernement bernois. Au printemps 2004, le PDG sortant du groupe Atel, M. Alessandro Sala, avait évoqué la construction d'ici 2025 d'une nouvelle centrale nucléaire en Suisse pour remplacer Mühleberg et Beznau.
Source
M.S./C.P.