Financement ukrainien pour Khmelnitski et Rovno
Le gouvernement ukrainien fait preuve de détermination et de créativité pour que les deux tranches nucléaires de Khmelnitski 2 et de Rovno 4 soient mises en service d'ici l'année prochaine. Selon le maître d'ouvrage et futur exploitant Energoatom, les tranches sont achevées à 95%, et les travaux battent leur plein sur les deux sites. Ce sont bien les finances qui manquent.
On rappellera que l'Ukraine et la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement), banque des pays industriels occidentaux, négocient depuis plus de deux ans un crédit de 215 millions de dollars pour l'achèvement des installations. Le crédit a été promis à l'Ukraine afin de compenser la perte de capacité de production due à l'arrêt de toutes les tranches de Tchernobyl, mais sous réserve de certaines conditions techniques de sûreté. Les experts de la Berd en sont toujours à l'examen de ces conditions de sûreté, et le crédit reste bloqué.
A la mi-juillet 2003, le gouvernement ukrainien a donc autorisé Energoatom à percevoir une taxe spéciale sur l'énergie électrique produite dans ses centrales nucléaires, taxe qui va alimenter un fonds d'investissement pour de nouvelles installations. La Commission nationale de surveillance de l'électricité a limité fin juillet cette taxe à 6,48 kopecks/ kWh (environ 1,8 centime). D'ici la fin de l'année, le fonds d'investissement devrait ainsi se trouver doté de 25 millions de dollars pour Khmelnitski 2, et de 35 millions de dollars pour Rovno 4. Ce sont environ 34 millions de dollars de moins que ce que le gouvernement escomptait et que ce dont Energoatom a besoin.
Comme autre source de financement, le gouvernement a l'intention par ailleurs de permettre à Energotatom de lancer cette année encore un emprunt obligataire d'environ 56 millions de dollars. Un deuxième emprunt de 38 millions de dollars devrait suivre à une date ultérieure. Pour que ces emprunts puissent être placés, il faut toutefois qu'Energoatom éclaircisse sa situation financière. L'entreprise annonce des dettes de 900 millions de dollars, à opposer à des avoirs de 1,6 milliard de dollars, dont presque 1,4 milliard auprès du négociant national d'électricité EnergoRynok pour de l'électricité livrée, mais pas encore payée. Une plainte d'anciens partenaires commerciaux d'Energoatom pour faillite du fait du non-paiement de 25 millions de dollars vient d'être rejetée par le tribunal du commerce de Kiev. Un tribunal de district a également rejeté une plainte de l'organisation écologiste ?Comité public national de sécurité de l'Ukraine" selon laquelle le financement de Khmelnitski et de Rovno irait à rencontre de la législation environnementale. Un recours auprès d'une instance supérieure est encore possible pour ces deux procédures.
Source
P.B./C.P. d'après NucNet des 18 juillet et 15 août 2003