Etude sur le cancer infantile en Allemagne: la radioexposition n’explique rien

L’étude épidémiologique allemande sur le cancer infantile à proximité des centrales nucléaires (étude KiKK), étude publiée le 10 décembre 2007, constatait l’existence d’un rapport statistique entre la distance de l’habitation de la centrale nucléaire la plus proche et le risque pour les enfants de contracter un cancer (resp. une leucémie) avant leur cinquième anniversaire. L’Office fédéral allemand de l’environnement, de la protection de la nature et de la sûreté des réacteurs a chargé la Commission de la radioprotection SSK d’évaluer cette étude et surtout de répondre à la question de savoir si les rayonnements émis par les centrales nucléaires pouvaient être responsables du résultat observé dans l’étude KIKK.

17 nov. 2008

Dans sa prise de position d'octobre 2008, la SSK constate qu'elle n'a pas de réponse à la question de la cause des cancers infantiles évoquée dans l'étude KIKK. Sur la base des connaissances actuelles, la SSK estime toutefois que certaines causes peuvent être exclues, et elle émet des propositions sur ce qu'il faudrait entreprendre dans l'avenir pour faire la clarté sur ce sujet.

Evidence de leucémies près des centrales nucléaires non expliquée

Les résultats de la Commission peuvent se résumer comme suit: les nouvelles données de l'étude KiKK confirment les résultats d'études antérieures relatives à un risque élevé de leucémie parmi les enfants de moins de 5 ans habitant dans un rayon de 5 km autour des centrales nucléaires allemandes par rapport à la zone extérieure de la région étudiée. Des études effectuées dans d'autres pays ont abouti toutefois à des résultats contradictoires. Pour la commission, on ne peut donc pas conclure à l'évidence, de manière générale, d'un taux élevé de leucémies dans les environs des centrales nucléaires.

Rayon de 5 km déterminant

La conception de l'étude présente de nombreuses faiblesses de méthode sous les angles du calcul de l'exposition et du recensement des facteurs d'influence, si bien qu'il aurait été plus sensé de ne pas réaliser cette étude de cette manière, estime la SSK, en précisant que malgré ces faiblesses, la conception de l'étude se prête à une analyse de la dépendance de l'éloignement des centrales. L'évidence d'une élévation du taux des cancers infantiles se limite aux zones qui sont éloignées de 5 km au maximum des sites des centrales nucléaires. La Commission est donc d'avis qu'il n'est pas correct de calculer des cas supplémentaires hypothétiques de maladie pour des éloignements plus importants sur la base de risques attributifs.

Rayonnements des centrales nucléaires trop faibles …

La SSK parvient par ailleurs à la conclusion que l'étude ne convient pas pour établir un lien avec la radioexposition provenant des centrales nucléaires. Tous les éléments radioécologiques et relatifs au risque analysés par la SSK montrent que les expositions aux rayonnements ionisants issus des centrales nucléaires ne parviennent pas à expliquer le résultat observé dans l'étude KiKK. En effet, la radioexposition supplémentaire provoquée par les centrales nucléaires est inférieure d'un facteur d'au moins 1000 aux radioexpositions susceptibles d'engendrer les risques mentionnés dans l'étude KiKK.

… et rayonnement naturel trop élevé

L'exposition naturelle aux radiations dans la région analysée, ainsi que sa fluctuation, est supérieure de plusieurs puissances de dix à celle que provoquent les centrales nucléaires. Si l'on admet que les faibles expositions provoquées par les centrales nucléaires sont responsables de l'élévation du risque de leucémie infantile, il faudrait, dans l'état actuel des connaissances et sur une simple base de calcul, que les leucémies provoquées par l'irradiation naturelle se produisent avec une fréquence supérieure de plusieurs puissances de dix à ce qui est observé en Allemagne et ailleurs, constate la SSK.

Nécessité de recherches supplémentaires sur les leucémies

La raison de l'élévation observée du taux de leucémies parmi les enfants analysés dans l'étude KiKK n'est pas claire, souligne encore la SSK. L'occurrence de leucémies étant multifactorielle, toute une multitude de facteurs d'influence peuvent expliquer le résultat constaté. Pour comprendre les nombreux résultats contradictoires parus dans les publications spécialisées correspondantes et aussi dans l'étude KiKK, il est nécessaire de procéder à une recherche interdisciplinaire plus approfondie sur les causes et les mécanismes de l'occurrence de leucémies infantiles, conclut la SSK dans son évaluation de l'étude KiKK.

Source

D.S./C.P. d’après un communiqué de presse de la SSK du 9 octobre 2008

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