Etude sur l’avenir énergétique de la Grande-Bretagne
Selon une étude de la Royal Academy of Engineering britannique publiée le 18 mars 2010, la Grande-Bretagne doit procéder à une restructuration fondamentale de son économie énergétique pour pouvoir couvrir ses besoins en énergie et diminuer de 80% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Cette restructuration s’impose même si la Grande-Bretagne réduit ses besoins énergétiques dans tous les secteurs, constate le rapport.
L’étude «Generating the Future: UK energy systems fit for 2050» présente quatre scenarios énergétiques possibles qui visent tous une réduction du CO2 de 80%. Chaque scénario montre qu’il n’existe pas de «solution miracle» rendant possible la réduction recherchée, constate le rapport. La combinaison d’une élévation de l’efficacité et d’un changement des comportements sera décisive pour la diminution nécessaire de la demande en électricité. Le rapport souligne l’importance énorme des défis posés en matière d’ingénierie et montre que la Grande-Bretagne doit utiliser pleinement ses sources d’énergies renouvelables et les compléter avec de l’énergie nucléaire et des installations alimentées au charbon ou au gaz avec CCS (capture et stockage du CO2). Selon le scénario choisi, 20 à 80 centrales nucléaires ou installations avec CCS seront nécessaires pour réaliser l’objectif de réduction du CO2, le remplacement de combustibles fossiles entraînant une augmentation de la consommation d’électricité.
Dame Sue Ion, présidente du groupe de travail Scénarios énergétiques de l’Académie, a souligné que le temps des consultations supplémentaires ou d’optimisations détaillées était révolu: «Des projets d’infrastructure de cette dimension ne se déroulent pas en fonction de délais politiques». Il faut des décennies pour développer et réaliser de grands projets d’infrastructure. C’est la raison pour laquelle n’entrent en considération que les technologies pauvres en carbone déjà connues pour atteindre les objectifs de 2050, constate Sue Ion.
L’étude aborde également le sujet des programmes de formation nécessaires pour que les collaborateurs disposent des connaissances nécessaires dans tous les domaines et que les nouvelles infrastructures puissent être construites et préservées. Selon le rapport, la majeure partie de ces spécialistes proviendra de la branche classique des ingénieurs et des techniciens. Mais il faudra aussi mettre en place de nouvelles disciplines, des technologies nouvelles étant appliquées de plus en plus souvent.
Le gouvernement doit agir
Si le marché constituera l’instrument de solutions technologiques et d’entreprise, les défis combinés que constituent le changement climatique, la sécurité d’approvisionnement et l’aspect économique exigent une démarche guidée par le gouvernement, constate l’étude. Seul le gouvernement peut permettre l’aménagement des infrastructures nécessaires et garantir que certaines d’entre elles ne réagissent pas aux forces classiques du marché comme monopole naturel. Selon l’étude, le marché ne réagira que si le gouvernement fixe un programme approprié à long terme et veille à ce que la création des infrastructures nécessaires intervienne dans le cadre du contexte européen plus large.
Les changements fondamentaux et de longue portée nécessaires au sein du système énergétique britannique ne peuvent être menés à bien que dans le cadre d’une stratégie nationale qui coordonne et accélère le processus, constate encore le rapport. Une telle stratégie doit se caractériser par un degré élevé de globalité dans la pensée et se fonder dès le début sur une évaluation critique des réalités économiques, techniques et entrepreneuriales. Malgré la création du Department of Energy and Climate Change – ce que le rapport évalue de manière positive – les structures actuelles de l’Etat, réglementation du marché comprise, ne sont pas suffisantes. C’est pourquoi une réorganisation des ministères s’impose. «Il faut aussi se rendre compte que les changements fondamentaux dont le système énergétique britannique a besoin pour atteindre les objectifs de réduction du CO2 entraîneront immanquablement des surplus de coûts considérables pour le consommateur final», constate le rapport.
Source
M.A./C.P. d’après un communiqué de presse de la Royal Academy of Engineering et le rapport «Generating the Future: UK energy systems fit for 2050», 18 mars 2010