Des options pour diminuer les stocks de plutonium aux Etats-Unis
Mandatée par le département américain de l’énergie (DOE) pour examiner les possibilités de gestion du plutonium, une équipe d’experts arrive à la conclusion que stocker le plutonium militaire dans un dépôt en couches géologiques profondes serait moins onéreux pour les Etats-Unis que la construction et l’exploitation d’une ligne de fabrication d’assemblages combustibles d’oxydes mixtes (Mox) qui permettrait d’utiliser ce plutonium dans des centrales nucléaires.
L’examen avait pour objectif de comparer différentes solutions pour la gestion de 34 tonnes de plutonium en excédent issues du programme d’armement nucléaire américain. En l’an 2000, les Etats-Unis et la Russie s’étaient engagés, en signant le Plutonium Management and Disposition Agreement (PMDA), à éliminer ou traiter la quantité de plutonium mentionnée via des assemblages combustibles Mox ou une autre méthode. Aux Etats-Unis, CB&I Areva Mox Services LLC construit actuellement la Mox Fuel Fabrication Facility (MFFF) sur le site de Savannah River, près d’Aiken, dans l’Etat de Caroline du Sud.
Dans son examen, l’équipe d’experts mandatée par le DOE s’est concentrée sur deux options: la construction et l’exploitation d’une usine de Mox, dans laquelle le plutonium est retraité en assemblages combustibles Mox, afin de l’utiliser dans des centrales nucléaires commerciales pour la production d’électricité («Mox approach»), et le stockage en couches géologiques profondes après dilution par un procédé chimique («dilute and dispose option»). Dans leur rapport, les experts écrivent aussi que d’autres options, telles que l’utilisation du plutonium dans des réacteurs rapides, n’ont pas été examinées de manière approfondie car elles ne pourraient pas être mises en œuvre aux Etats-Unis dans un avenir proche. Ils indiquent cependant que l’option des réacteurs rapides pourrait à nouveau s’avérer intéressante si les Etats-Unis, à l’instar de la Russie, intégraient cette technologie dans leur stratégie énergétique.
L’option Mox plus chère que le stockage en profondeur
Pour mener à bien la «Mox approach», déjà engagée avec la construction de la MFFF, les moyens mis à disposition devraient passer de 400 millions de dollars américains (CHF 380 mio.) annuels à 700-800 millions de dollars (CHF 670-760 mio.), indique le rapport. Ces montants plus élevés seraient nécessaires jusqu’à la fin du traitement de l’ensemble des réserves de plutonium. Les experts estiment que le MFFF entrera en service autour de 2033.
Les moyens actuels n’auraient en revanche pas à être augmentés dans le cas d’une dilution du plutonium et de son stockage dans un dépôt en profondeur. Les experts ayant calculé cette option de manière conservatrice, il existe là encore un potentiel d’optimisation. La «dilute and dispose option» présuppose toutefois que des installations de traitements et de stockage correspondantes soient disponibles, telles que le Waste Isolation Pilot Plant (WIPP) au Nouveau Mexique, ainsi que des installations existant sur le site de Savannah River, en Caroline du Sud, et au Los Alamos National Laboratory, au Nouveau Mexique.
L’exploitation du WIPP a été provisoirement arrêtée après l’exposition, en février 2014, de plusieurs travailleurs à de faibles doses de radiation à cause d’une fuite dans une caverne souterraine. Le DOE a déclaré en août 2015 que la reprise d’exploitation proposée du WIPP en mars 2016 était repoussée pour une durée indéterminée en raison de «problèmes inattendus».
Source
M.B./T.M. d’après le «Final Report of the Plutonium Disposition Red Team» du DOE, le 13 août 2015