Des isotopes pour mettre un terme au braconnage de rhinocéros
La population de rhinocéros est fortement menacée en raison de la forte demande de leur corne, notamment en Chine, au Cambodge, en Croatie et au Vietnam. Dans ce contexte, un nouveau projet international qui repose sur des techniques nucléaires a été mis sur pied en Afrique du Sud afin d’enrayer le braconnage de rhinocéros.
L’Université de Witwatersrand (Wits) a lancé le projet Rhisotope Project en collaboration avec l’Australian Nuclear Science and Technology Organisation (Ansto), la Colorado State University (États-Unis), le groupe étatique russe Rosatom et le Care for Wild (un orphelinat de rhinocéros), des scientifiques, chercheurs, propriétaires de rhinocéros, ainsi que le vétérinaire et expert en rhinocéros William Fowlds.
Le projet étudie l’injection de quantités infimes d’isotopes radioactifs dans une corne de rhinocéros afin de réduire la demande en cornes sur le marché noir international et de mieux pouvoir repérer les cornes une fois les frontières franchies. «Les plus de 10ʼ000 détecteurs de rayonnement utilisés à plusieurs postes de frontière dans le monde entier rendront beaucoup plus difficile le transport des cornes, ce qui permettra de mieux identifier et d’appréhender les contrebandiers», a indiqué Rosatom.
Le concept sera testé sur deux rhinocéros
Durant la première phase du projet, qui a été lancée le 13 mai 2021, des traces d’isotopes stables ont été introduites dans les cornes de deux rhinocéros. Les deux animaux ont été placés sous observation pour une durée de trois mois afin que les scientifiques puissent comprendre de quelle manière l’isotope impacte la défense de l’animal. Il s’agit de s’assurer que les isotopes ne sont pas nocifs pour les animaux. Les simulations par ordinateur et les modèles permettront de confirmer ces informations et de déterminer l’isotope le mieux adapté et la quantité à utiliser.
Une fois le concept éprouvé, la technique sera proposée à des propriétaires de rhinocéros à la fois publics et privés du continent africain et du reste du monde. La propriété intellectuelle ainsi que les formations et le soutien seront mis gratuitement à la disposition d’organisations de protection de la nature souhaitant utiliser le procédé pour protéger les animaux contre le braconnage.
Le commerce illégal, la principale menace
Le commerce illégal de cornes de rhinocéros, dont la valeur sur le marché noir est évaluée à 50ʼ000 dollars la tonne (une corne pèse environ 3 kg), est interdit depuis 1977 en vertu de la Convention CITES. D’après des informations du Département sud-africain des forêts, de la pêche et de l’environnement, 594 rhinocéros ont été braconnés en Afrique du Sud en 2019 pour leur corne. En 2020, ce chiffre a reculé à 400 en raison des restrictions sanitaires dues à la Covid-19. L’Afrique du Sud héberge 90% de la population mondiale de rhinocéros. Les personnes à l’origine du projet mettent en garde contre le fait qu’avec le taux de perte actuel, dans huit à dix ans, le rhinocéros sauvage se sera éteint.
Source
A.D./CB. d’après les WNN du 19 mai 2021, un communiqué de presse de Rosatom du 14 mai 2021, et le site www.rhisotope.org