Décontamination de béton à l'aide de bactéries
Un nouveau procédé de décontamination de surfaces en béton à l'aide de micro-organismes présents dans la nature permet d'entrevoir des réductions importantes du volume de déchets, de l'exposition des personnes aux rayonnements et des coûts.
La décontamination de béton ayant subi une irradiation se fait la plupart du temps par des procédés mécaniques ou chimiques. Dans les structures en béton non scellées, la contamination avec des radionucléides se trouve dans les 1 à 2 mm supérieurs. L'exposition du personnel constitue ici un problème dans la mesure où, selon le procédé employé, il peut se produire des émissions de poussière contaminée. Des quantités considérables de déchets et d'eaux usées sont également engendrées.
Une équipe de scientifiques de British Nuclear Fuels plc (BNFL) et de l'Idaho National Engineering and Environmental Lab (INEEL) a développé un procédé qui dissout la couche supérieure de béton contaminée à l'aide de micro-organismes sélectionnés, ceci de telle manière qu'une fois le processus terminé, cette couche peut tout simplement être enlevée. Le procédé fonctionne comme suit: on vaporise tout d'abord un mélange de certaines souches de bactéries sur la surface à traiter, ainsi qu'une solution alimentaire. On laisse cette solution agir pendant 6 à 18 mois, selon la profondeur d'enlèvement recherchée et selon la température ambiante. Il suffit comme entretien de maintenir la surface humide pour que les bactéries puissent opérer, et aussi de surveiller le processus. Les bactéries attaquent la matrice en ciment par des acides minéraux et détruisent ainsi le béton. Après le temps souhaité, on enlève et on jette les bactéries en même temps que la couche supérieure de béton dissoute. Ce procédé permet de réduire aussi bien l'exposition du personnel que la quantité de déchets radioactifs. Il en résulte une diminution de coûts considérable.
Des essais ont démontré que cette technique était adéquate pour traiter des surface importantes de béton. On procède actuellement à une optimisation des diverses phases du procédé - application des bactéries - entretien - enlèvement des bactéries - dans le cadre de la mise hors service de la cheminée d'évacuation des rejets gazeux de Sellafield, ainsi que sur des sites américains. Le procédé pourrait être démontré par un essai à grande échelle cette année encore.
Source
M.E./C.P. d'après Nuclear Engineering International, février 1999