Belgique: lancement de la construction du réacteur de recherche Myrrha
La construction de Minerva, dans la ville belge de Mol, a été lancée. L’accélérateur linéaire de particules appartient à la première des trois phases de construction du réacteur de recherche Myrrha. Le projet intervient dans les domaines de la médecine nucléaire et de la recherche sur la transmutation.
Myrrha (Multipurpose Hybrid Research Reactor for High-technology Applications) est un réacteur de recherche multidisciplinaire. Conformément à une décision du gouvernement belge en date de 2018, il sera construit en trois phases. Le premier coup de pioche de Minerva a été donné le 25 juillet 2024 en présence de la ministre belge de l’Énergie, Tinne Van der Straeten. La phase 1 de la construction de Myrrha est ainsi lancée.
Minerva sera un accélérateur de particules pouvant atteindre une énergie de 100 MeV et possédant deux stations d’irradiation. «Outre des recherches sur de nouveaux matériaux pour les réacteurs de demain, la recherche fondamentale et l’amélioration de la technologie des accélérateurs, Minerva sera utilisé à des fins médicales.», a précisé le SCK•CEN sur son site Internet. L’installation sera notamment utilisée pour le développement d’une nouvelle génération de radio-isotopes thérapeutiques, qui ciblent plus efficacement les cellules cancéreuses et permettent de préserver les tissus sains. La phase 2 concernera une augmentation de l’énergie libérée par l’accélérateur à 600 MeV ainsi qu’une extension de l’installation pour atteindre une longueur de 400 mètres, ce qui permettra d’accroître une nouvelle fois son champ d’application.
«Dans une étape ultérieure de la construction de MYRRHA, moyennant les financements nécessaires, suivra la réalisation du réacteur sous-critique de MYRRHA avec la recherche sur la transmutation: la technologie qui permet de réduire la quantité et la radiotoxicité des déchets nucléaires hautement radioactifs.», a indiqué le SCK•CEN. Le réacteur de recherche comprenant un accélérateur de particules devrait être opérationnel en 2038 et il possédera une puissance maximale de 100 MW. Pour pouvoir maintenir la fission nucléaire, le réacteur sous-critique aura besoin d’un accélérateur de protons qui produira des neutrons au moyen d’une cible de spallation. Si le faisceau de particules est interrompu, la réaction en chaîne est, elle aussi, immédiatement stoppée, ce qui garantit une grande sécurité.
Hamid Aït Abderrahim, physicien responsable du projet Myrrha, explique l’utilité du réacteur de recherche en ces termes: «MYRRHA peut garantir que les déchets hautement radioactifs des centrales nucléaires actuelles, qui restent radiotoxiques jusqu’à 300’000 ans, pourront être en partie réutilisés comme combustible. Grâce à nos recherches, nous pouvons montrer que les déchets nucléaires atteignent la radiotoxicité naturelle après seulement 300 ans, ce qui nous permet de ramener le problème des déchets nucléaires des durées géologiques à des durées humaines. De plus, nous pouvons réduire le volume d’un facteur 100.»
Source
B.G./C.B. d’après un communiqué de presse du SCK•CEN du 27 juin 2024 et la page Internet consacrée au projet Myrrha