Belgique: la prolongation d’exploitation de dix ans de nouveau d’actualité
Le nouveau gouvernement de coalition belge a déclaré aux médias le 18 décembre 2014 vouloir passer la durée d’exploitation de Doel 1 et 2 de 40 à 50 ans tout en maintenant la sortie du nucléaire à l’horizon 2025. Il s’agit de la troisième volte-face opérée par les politiciens belges en cinq ans. Et la remise en service de Doel 4 le 19 décembre 2014 suite à des travaux de réparation sur les turbines n’a pas empêché les autorités belges de prévenir la population de possibles problèmes d’approvisionnement cet hiver.
A l’issue d’un bras de fer politique de longue haleine, le Parlement belge a décidé en 2003 de sortir progressivement du nucléaire. La loi correspondante prévoyait alors une limitation de la durée d’exploitation des sept centrales nucléaires belges à 40 ans. Ainsi, les trois plus anciennes tranches, Doel 1 et 2 ainsi que Tihange 1, devaient être déconnectées du réseau en 2015, et les autres en 2025. Or, plus de la moitié de l’électricité produite en Belgique est d’origine nucléaire.
Critique dans ses propres rangs
Quelques années plus tard, le gouvernement a décidé de revoir cette décision sur la base de rapports qu’il avait lui-même demandés. Les experts ont ainsi recommandé de reporter de dix ans la mise à l’arrêt des trois plus anciennes tranches, et de laisser fonctionner 20 ans de plus les quatre plus récentes, sans quoi des problèmes d’approvisionnement importants seraient inévitables.
En octobre 2009, l’ancien gouvernement a ainsi autorisé le fonctionnement de Doel 1 et 2 et de Tihange 1 dix ans de plus, soit jusqu’en 2025. Ce qui correspond à une durée d’exploitation de 50 ans. Il a cependant jugé prématurée toute décision relative aux tranches plus récentes. Cette nouvelle règlementation, pas encore inscrite dans la loi, a de nouveau été remise en question en novembre 2011 par le nouveau gouvernement de coalition, qui souhaite s’en tenir à la loi de 2003. En juillet 2012, cette décision a cependant encore été ébranlée, et la loi sur la sortie du nucléaire a été adoptée en 2013 selon les durées d’exploitation suivantes:
– Doel 1 et 2: jusqu’en 2015 (40 ans, comme prévu actuellement)
– Doel 3: jusqu’en 2022 (40 ans, comme prévu actuellement)
– Tihange 2: jusqu’en 2023 (40 ans, comme prévu actuellement)
– Tihange 1: jusqu’en 2025 (50 ans, prolongation de 10 ans)
– Doel 4 et Tihange 3: jusqu’en 2025 (40 ans, comme prévu actuellement)
Menace de black-out pour l’hiver
Cette règlementation ne s’est cependant pas imposée très longtemps. Ainsi, en septembre 2014, le gouvernement belge a publié un plan d’urgence en raison de la pénurie d’électricité redoutée pour l’hiver 2014/15. Auparavant, les deux tranches Doel 3 et Tihange 2 ont dû être déconnectées du réseau pour une durée indéterminée le 25 mars 2014 suite à des examens de sécurité sur le matériau de la cuve de pression. Un troisième réacteur, Doel 4, avait quant à lui rencontré un dysfonctionnement le 4 août 2014 en raison d’un dommage sur les turbines ayant pu être occasionné par un sabotage. L’installation a cependant été reconnectée le 19 décembre 2014.
La volte-face de la volte-face
Le 27 octobre 2014, le nouveau gouvernement de centre-droit, en place depuis le 11 octobre 2014, avait laissé entendre qu’il ne souhaitait pas arrêter Doel 1 le 15 février 2015, conformément à ce que prévoit la loi, mais le 31 mars 2015, et Doel 2 le 31 mars 2016 au lieu du 31 décembre 2015, ce pour contrer à court terme la menace de pénurie d’électricité pour cet hiver.
Enfin, le 18 décembre 2014, le gouvernement a avalisé des rapports prescrivant une prolongation de dix ans, soit jusqu’en 2025, des durées d’exploitation de Doel 1 et 2, comme déjà proposé en 2009, tout en confirmant une sortie du nucléaire à l’horizon 2025. Cette décision doit encore être approuvée par l’autorité de sûreté nucléaire du pays. La réglementation correspondante signerait l’arrêt des trois plus anciennes tranches à l’issue de 50 ans d’exploitation, et des plus récentes à l’issue de 40 ans.
Des conditions-cadres stables sont demandées
Un porte-parole de GDF Suez, société-mère de l’exploitante Electrabel, a cependant expliqué au journal français «Les Echos» que ce nouveau revirement de situation devait encore être inscrit dans la loi. Il devient en effet indispensable de fixer un cadre légal et économique clair au vu des investissements à hauteur de plusieurs millions qui seront nécessaires pour permettre cette prolongation des durées d’exploitation.
Source
M.S./C.B. d’après le Forum nucléaire belge et Les Echos du 18 décembre 2014
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