Australie: un rapport demande la levée partielle du moratoire sur l’énergie nucléaire
Un rapport rédigé par un comité parlementaire demande au gouvernement australien d’étudier la possibilité de lever, en partie, le moratoire sur l’énergie nucléaire afin de rendre possible le recours à des technologies nouvelles ou émergentes, notamment aux réacteurs de la génération III+ et de la génération IV. Le rapport fait suite à une étude des conditions à l’entrée du pays dans le nucléaire.
En Australie, les gouvernements travaillistes et les gouvernements de coalition successifs ont maintenu un moratoire ralliant plusieurs partis, interdisant la construction et l’exploitation de centrales nucléaires dans le pays. À la demande du ministre de l’Énergie, Angus Taylor, le Comité permanent pour l’environnement et l’énergie de la Chambre des représentants a mené au mois d’août 2019 une étude sur le cycle du combustible et sur l’utilisation possible de l’énergie nucléaire en Australie. Depuis, le comité a étudié environ 300 avis et mené un programme en vue d’auditions publiques dans tout le pays.
En décembre 2019, le comité a publié le rapport «Not without your approval: a way forward for nuclear technology in Australia» dans lequel il remet ses conclusions et formule des recommandations. Le rapport a été présenté au porte-parole de la Chambre des représentants, Tony Smith, en vue d’un examen par le gouvernement. Le comité a soumis trois recommandations majeures:
- Le gouvernement doit continuer à envisager la technologie nucléaire comme une partie du futur mix électrique de l’Australie.
- Le gouvernement doit prendre une série de mesures destinées à améliorer la compréhension de la technologie nucléaire dans le contexte australien. Ces mesures doivent comporter une évaluation technologique de plusieurs générations de réacteurs nucléaires, y compris une étude de la faisabilité de ces réacteurs et de leur aptitude pour l’Australie.
- Le gouvernement doit étudier la possibilité d’une levée partielle du moratoire en vigueur. Il doit se focaliser sur les technologies nouvelles et émergentes, y compris sur les conceptions actuellement en construction de la génération III+ et sur les technologies à venir de la génération IV. Et cela sous réserve des résultats de l’évaluation technologique susmentionnée et du feu vert de la population.
«L’énergie nucléaire doit être considérée comme une partie intégrante de notre futur mix électrique», a déclaré le président du comité, Ted O’Brien, avant de rajouter: «L’Australie doit clairement dire non aux anciennes technologies nucléaires, mais doit aussi se prononcer, sous condition, en faveur des nouvelles technologies et des technologies émergentes telles que celle des petits réacteurs modulaires. Et le plus important est que le peuple australien soit au cœur de toute procédure d’autorisation. Si nous voulons réellement réduire les émissions de gaz à effet de serre, nous ne pouvons ignorer cette technologie de la charge de base pauvre en émissions. Nous devons toutefois aussi être suffisamment humbles pour tirer des enseignements d'autres pays qui se sont engagés dans cette voie. Il ne s'agit pas seulement de bien utiliser la technologie, il s'agit aussi de susciter son acceptation en nous basant sur la confiance et sur la transparence.
L’Australie dispose des plus importantes réserves d’uranium au monde, et fait partie des principaux exportateurs du minerai. La construction et l’exploitation de centrales nucléaires en service commercial sont interdites en Australie. Le réacteur de recherche Opal (20 MW) de l’Australian Nuclear Science and Technology Organisation (Ansto) est en exploitation depuis 2007. Il remplace Hifar (High Flux Australian Reactor), définitivement mis à l'arrêt fin janvier 2007. Depuis mi-2016, l’Australie participe au développement du réacteur rapide refroidi au sodium (Sodium-cooled Fast Reactor, SFR) ainsi que du réacteur à ultra haute température (Very-High Temperature Reactor, VHTR) en tant que membre du Generation IV International Forum (GIF). Les deux conceptions de réacteur ont pour objectifs une exploitation efficace et une réduction des déchets radioactifs.
Source
M.A./C.B. d’après NucNet du 16 décembre, et le rapport «Not without your approval: a way forward for nuclear technology in Australia» de décembre 2019