Approbation de l'avant-projet d'un "Iter allégé"
Lors de sa réunion des 19 et 20 janvier 2000 à Tokyo, le conseil de surveillance du projet Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor) a approuvé un remaniement de l'avant-projet qui prévoit une réduction de coûts.
Iter est la prochaine étape déterminante du développement de la fusion nucléaire. Il est préparé conjointement par les grands programmes de fusion du monde qui sont menés en Europe, au Japon et dans la Fédération de Russie. Le réacteur expérimental doit montrer qu'il est possible d'obtenir de l'énergie à partir de la fusion de noyaux d'atomes et donc de réaliser sur terre la production d'énergie du soleil. Le conseil de surveillance regroupe des représentants gouvernementaux et des scientifiques de tous les pays participants.
L'avant-projet a été remanié du fait de difficultés financières dans les pays partenaires. Il s'agissait ici d'atténuer les objectifs techniques de l'installation sans remettre en question les objectifs de l'ensemble du programme, ceci tout en recourant dans la plus large mesure possible aux projets existants. Une réduction du volume du plasma de 2000 m3 initialement à 840 m3 permettront de diminuer de moitié environ les coûts de construction, qui sont de 13 milliards de DM. Les économies les plus importantes ont été réalisées avec les bâtiments et les bobines magnétiques supraconductrices dont les coûts se trouveront réduits de plus de la moitié du fait de la réduction des dimensions. L'enceinte du champ magnétique produit par les bobines renferme un anneau de plasma dont le rayon a été raccourci de 8 m auparavant à maintenant 6 m. Il en résulte une puissance de fusion de 500 MW (1500 auparavant) et un rapport énergétique net de 10 environ, c'est-à-dire que l'énergie de fusion obtenue atteindra dix fois l'énergie utilisée pour le chauffage du plasma.
Parallèlement à la réduction de l'installation et à la limitation correspondante des objectifs techniques, de nouvelles découvertes technologiques ont aussi pu être mises à profit pour abaisser les coûts. C'est ainsi que les expériences sur la technique de fabrication acquises dans le programme technologique Iter ont été reprises dans le nouveau projet. "Nous sommes ainsi parvenus à modifier le concept initial de manière telle que même cette machine de plus petite dimension pourra étudier tous les aspects nécessaires à la préparation d'une centrale à fusion, même si les valeurs cibles sont moins ambitieuses", a déclaré M. Robert Aymar, directeur d'Iter. "Avec un rayon de plasma réduit à 6 m, nous avons toutefois atteint la limite minimale."
L'objectif que vise la recherche internationale sur la fusion avec Iter est de produire pour la première fois un plasma qui fournira de l'énergie pendant une assez longue durée. Le réacteur expérimental doit par ailleurs tester des fonctions techniques importantes d'une centrale à fusion. Le combustible pour cette source d'énergie pratiquement inépuisable est un gaz se composant de deutérium et de tritium, les deux isotopes de l'hydrogène. Pour allumer le feu de fusion, il faut parvenir à confiner le combustible dans des champs magnétiques et à l'échauffer à des températures extrêmement élevées.
Le projet Iter a été lancé en 1985 lors d'entretiens du Secrétaire général de l'ex-Union soviétique Gorbatchev avec les présidents Mitterrand et Reagan. De 1988 à 1990, le groupe d'études Iter, qui comptait des membres européens, japonais, américains et russes, a travaillé à l'Institut Max-Planck de la physique du plasma (IPP) à Garching, le laboratoire d'accueil du projet de réacteur expérimental. Lors de la phase consécutive de planification détaillée, qui a duré de juillet 1992 à juillet 1998, l'équipe a travaillé dans trois centres de fusion: à San Diego, à Naka au Japon, et à nouveau à l'IPP. Le rapport final présenté en 1998 (Bulletin no 6/1998) contenait pour la première fois des plans détaillés de construction d'un réacteur de fusion expérimental et rassemblait l'ensemble des connaissances physiques et technologiques de la recherche internationale sur la fusion.
Même si, du point de vue technico-scientifique de tous les intéressés, ce rapport constituait une base suffisante pour la construction de l'installation et si les coûts de 13 milliards de DM restaient dans le cadre financier approuvé auparavant, il ne fut pas possible, compte tenu des difficultés financières rencontrées dans les pays partenaires, de parvenir à une décision de construction. Les Etats-Unis se retirèrent du projet en 1998, du moins passagèrement, mais continuèrent de participer jusqu'au milieu de 1999 aux projets technologiques Iter. Les autres partenaires décidèrent de réexaminer le projet Iter sous l'angle d'une réduction des coûts. La phase de planification fut donc prolongée de trois ans; on lança en même temps des négociations préliminaires en vue de la construction commune d'Iter. Les travaux de planification sur la base de l'avant-projet qui vient d'être approuvé devraient s'achever au milieu de 2001. Iter pourrait produire son premier plasma une dizaine d'années après l'autorisation de construction.
Source
M.S./C.P. d'après un communiqué de presse du 27 janvier 2000 de l'Institut Max-Planck de la physique du plasma