Allemagne: l’énergie nucléaire en soutien des renouvelables
Les Journées annuelles du Forum atomique allemand (DAtF) organisées du 4 au 6 mai 2010 à Berlin ont été placées sous le signe de la prolongation de la durée d’exploitation des centrales nucléaires allemandes. Le message adressé aux instances politiques soulignait la capacité de l’industrie allemande d’assurer la poursuite de l’exploitation. Il est bien évident que la voie à suivre est à présent du ressort de l’Europe: dans l’Union européenne, l’énergie nucléaire reste un pilier significatif de l’avenir énergétique sur le long terme.
«Il n’existe aucune difficulté généralisée d’acceptation en Allemagne», devait constater Ralf Güldner, vice-président d’E.ON Kernkraft et nouveau président du Forum atomique allemand, lors de son allocution d’ouverture. Cette déclaration était fondée sur les sondages les plus récents. «Pour de nombreuses personnes, la chose est claire: qui met l’énergie nucléaire en cause doit être en mesure de proposer des alternatives réalistes.» Le remplacement de l’énergie nucléaire par des énergies renouvelables ne constitue en rien un concept fiable, mais ne fait que correspondre à l’ancienne école de pensée du «ceci … ou cela», sans effet tangible sur le bilan CO2 de l’Allemagne. Le Forum atomique allemand va donc continuer à se tenir à sa ligne de politique énergétique du «ceci… et cela» et à mettre en avant les avantages économiques et de politique environnementale d’un mix énergétique équilibré.
Compensation des sautes de vent
«L’énergie nucléaire et les énergies renouvelables n’entrent pas en concurrence directe, mais se complètent harmonieusement», soulignait Ralf Güldner. «En Allemagne, la pratique éprouvée montre qu’en cas de besoin, l’énergie nucléaire apporte une contribution non négligeable à la compensation des variations de puissance injectée par les énergies renouvelables par une production dite de suivi des pointes.» En citant l’exemple d’autres pays tels que la France, la Grande-Bretagne, la Chine ou les Etats-Unis, il a exigé que l’on fasse preuve en Allemagne de plus de respect quant aux réalités et de moins d’idéologie. C’est ainsi que Ralf Güldner devait saluer comme une avancée dans la bonne direction la volonté du gouvernement fédéral actuel de prolonger la durée d’exploitation des centrales nucléaires ainsi que la décision du ministère fédéral de l’Environnement de mettre un terme au moratoire sur l’exploration du dôme de sel de Gorleben comme site de stockage définitif de déchets hautement radioactifs.
Armés pour une prolongation de la durée d’exploitation
Lors de cette session annuelle, Eberhard Hoffmann du Centre de simulation d’Essen, Christian Schönfelder du Centre d’entraînement Areva d’Offenbach et Thomas Riekert du TÜV Nord Hambourg ont exposé, unanimes, que leurs institutions disposaient des ressources en personnel compétent pour garantir toute poursuite éventuelle de l’exploitation des centrales nucléaires allemandes. L’intérêt pour l’énergie nucléaire ne faiblit pas chez les générations montantes, a précisé Eberhard Hoffmann, tandis que Christian Schönfelder soulignait qu’Areva avait formé depuis janvier 2009 plus de mille nouveaux collaborateurs en Allemagne, en France et aux Etats-Unis. Thomas Riekert a assuré de son côté que le TÜV avait aussi assuré le changement de génération dans le domaine nucléaire.
La politique énergétique prend une dimension européenne
Le secteur allemand de l’énergie nucléaire a trouvé un soutien auprès de Günther Oettinger, nouveau Commissaire européen à l’énergie et ancien ministre-président du Land de Bade-Wurtemberg. Lors des Journées de Berlin, il devait en effet souligner l’importance croissante de l’électricité dans le futur. L’UE a l’intention d’être un partenaire non complaisant, mais honnête en matière d’énergie nucléaire, car «un mix énergétique intelligemment conçu doit faire appel à toutes les sources disponibles».
«Nous nous situons au beau milieu d’une époque où la politique énergétique prend une dimension européenne», a poursuivi Günther Oettinger. Les entreprises de production d’énergie présentent depuis longtemps une envergure européenne et l’Europe ne peut être considérée comme interlocuteur sérieux par la Chine, la Russie et les Etats-Unis que si elle agit d’une seule voix au nom de tous. Le nouveau commissaire européen à l’énergie a donc désigné comme tâche urgente des cinq à quinze années à venir la création d’un réseau de transport européen de grande capacité, en particulier nécessaire pour accompagner toute extension des moyens de production d’énergie renouvelable.
L’UE reste fidèle à l’énergie nucléaire
Ute Blohm-Hieber, chef de l’unité Energie nucléaire et Gestion des déchets de la Commission européenne, a présenté comme vision pour 2050 un mix énergétique pour l’UE constitué d’un cinquième d’énergies fossiles avec capture et séquestration du carbone (CSC) et de quatre cinquièmes d’énergies renouvelables et d’énergie nucléaire. Il devrait ainsi s’établir un équilibre entre ces deux dernières sources, l’énergie nucléaire étant et restant un pilier essentiel du point de vue de la Commission européenne. «Mais nous ne savons pas encore aujourd’hui si la part de l’énergie nucléaire représentera alors 30 ou 40% du total», a précisé Madame Blohm-Hieber.
Source
M.S./P.C.