Allemagne: étude sur la prolongation de durée de vie
Une prolongation de la durée de vie de 12 à 20 ans des centrales nucléaires allemandes entraînerait une réduction de près de 8 millions d'euros du prix de l'électricité d'ici à 2030. C'est l'une des conclusions d'une nouvelle étude menée à la demande du gouvernement allemand et sur laquelle doit se fonder son concept sur l'énergie.
Norbert Röttgen, ministre allemand de l'Energie, et Rainer Brüderle, ministre de l'Economie, ont présenté tous deux le 30 août 2010 l'étude «Scénarios pour un concept de gestion de l'énergie du gouvernement fédéral». L'étude a été menée en collaboration avec Prognos AG (Bâle), l'Institut pour la gestion de l'énergie de l'Université de Cologne (ewi) et la Gesellschaft für Wirtschaftliche Strukturforschung mbH (gws/Osnabrück), une association de recherche sur les structures économiques. Neuf scénarios décrivent différentes voies d'orientation du secteur de l'énergie pour le futur.
Sans prolongation de la durée de vie, les objectifs climatiques ne pourront pas être atteints
Le scénario de référence décrit l'avenir énergétique de l'Allemagne en cas de maintien de la ligne des tendances actuelles. Il s'en tient aux dispositions législatives existantes prévoyant la mise à l'arrêt de la dernière centrale nucléaire en 2022. L'utilisation efficace de l'énergie n'augmente que modérément; aucune percée technologique ne se dessine. Dans ce scénario de référence, les émissions de gaz à effet de serre sont réduites de 62% par rapport à 1990. Les objectifs fixés par le gouvernement fédéral, à savoir moins 40% d'ici à 2020 et au minimum moins 80% d'ici à 2050, ne seront donc pas au rendez-vous.
Huit autres scénarios esquissent en comparaison un autre avenir énergétique, marqué par l'émergence des énergies renouvelables et l'exploitation des potentiels d'efficacité des ressources existantes, selon le communiqué du ministère fédéral pour l'Environnement, la Protection de la nature et la Sûreté des réacteurs (BMU). L'étude porte également sur les effets de différentes durées de prolongation de la vie des centrales nucléaires existantes. C'est ainsi que le curseur de la simulation a été déplacé entre 4 et 28 ans, avec prise en compte des variations du coût de la modernisation des 17 tranches actuellement en service.
Avantages économiques réels de la prolongation de durée de vie?
Il était clair lors de la présentation aux médias que l'étude pouvait avoir plusieurs lectures. D'après Brüderle, le ministre fédéral de l'Economie, l'avantage économique maximal est obtenu pour une prolongation de durée de vie comprise entre 12 et 20 ans. L'énergie nucléaire restera indispensable pour assurer à la fois le développement des potentiels des énergies renouvelables et la compétitivité de l'économie allemande. Pour une prolongation de durée de vie de 20 ans, la part de la production d'électricité sans émission de CO2 bondirait à 75%. Pour Röttgen, ministre de l'Environnement, l'étude montre en revanche que la prolongation des durées de vie n'apporte que des avantages marginaux, sans signification réelle. Les effets sur la protection du climat et le prix de l'électricité seraient très faibles.
Le nouveau concept de gestion de l'énergie du gouvernement fédéral allemand qui devrait être présent é ces prochains jours risque donc de faire encore longtemps le grand écart
Source
D.S./P.C. d'après un communiqué de presse du BMU du 30 août 2010