Ajournement des "entretiens consensuels" de Bonn sur l'abandon du nucléaire
Le deuxième tour des "entretiens consensuels" entre le gouvernement allemand et des représentants de l'économie électrique sur l'abandon de l'énergie nucléaire, réunion prévue initialement le 9 mars 1999, a été ajourné.
Le gouvernement préfère mener des entretiens séparés avec les sociétés d'électricité, les syndicats et les associations environnementales. Le projet d'une nouvelle loi atomique remanié par le ministre de l'environnement Jürgen Trittin (Verts) ne contient plus d'interdiction du retraitement du combustible usé. L'examen de la loi par le conseil des ministres, examen qui devait avoir lieu le 3 mars, a lui aussi été repoussé, divers ministres ayant exprimé eux aussi des réserves contre le projet de Trittin. Une expertise de l'Université d'Augsbourg a entre temps confirmé qu'une interdiction du retraitement par l'Allemagne constituerait une violation de droit international de contrats obligatoires conclus avec la France et la Grande-Bretagne et que les exploitants des usines de retraitement de La Hague et de Sellafield seraient en droit de demander des dommages-intérêts.
Bonn a dû mettre une nouvelle sourdine à ses plans d'abandon du nucléaire à la suite des élections récentes dans le Land de la Hesse où l'ancien gouvernement de gauche a été battu et remplacé par une coalition CDU/FDP. Les rapports de majorité au sein du Bundesrat (chambre des Länder) ont donc changé: le groupe emmené par le SPD ne dispose plus que de 33 voix sur 69, au lieu de 38 auparavant. Or la loi atomique devrait probablement être approuvée par le Bundesrat.
En matière d'évacuation des déchets radioactifs, Trittin ne veut pas démordre du programme de la convention de coalition (Bulletin no 19/1998) et entend faire arrêter les travaux d'exploration en vue de l'aménagement d'un dépôt définitif dans le dôme de sel de Gorleben dès que l'on aura examiné comment éviter, si une telle décision est prise, "des actions en recours superflues". Cet examen sera probablement terminé d'ici Pâques. En réponse à une question correspondante de groupe CDU/CSU au Bundestag, le gouvernement fédéral a expliqué que des doutes persistaient quant à l'aptitude du dôme de sel de Basse-Saxe comme site d'un dépôt définitif, "doutes qui, par prévoyance, imposent d'étudier d'autres sites pour permettre une comparaison sous l'angle de la sûreté".
Source
M.K./C.P. d'après des informations du Forum atomique allemand du 24 février 1999