AIEA: présentation de techniques permettant de réduire les durées de construction

En marge de la 7^e Conférence générale de l’AIEA qui s’est déroulée fin septembre 2023, trois projets achevés récemment ont été présentés. Les représentants ont expliqué la manière dont ils sont parvenus à réduire la durée de construction tout en faisant face parallèlement à la situation de pandémie.

Les trois projets en question – Fuqing 5 et 6 en Chine, Leningrad-II 2 en Russie et Vogtle 3 et 4 aux États-Unis – ont nécessité entre six et dix ans. Tous les cinq réacteurs sont des réacteurs à eau sous pression modernes. Ils se distinguent des générations précédentes par le recours à des systèmes de sécurité passifs et intrinsèques, un certain niveau de standardisation, et l’utilisation d’éléments de conception modulaire, ce qui a rendu possible une construction plus rapide et plus abordable.

Fuqing 5 et 6
Dans le cas Fuqing 5 et 6, du type indigène Hualong One, la conception modulaire était la clé de la réduction de la durée de construction. D’après Jia Yuqiang, chef de la centrale de Fuqing, la durée de construction a été réduite d’environ 70 jours grâce au fait que dans la cuve de pression, le revêtement en acier a été soulevé par sections et non en tant que pièce globale, ce qui a rendu l’installation de cette partie du réacteur plus sûre et plus simple. Dans le cadre de l’installation de la vanne de pression – un processus souvent long et difficile – la technique de mesure 3D a permis d’améliorer la qualité et d’achever le projet quatre jours plus tôt que prévu. De nombreuses initiatives destinées à gagner du temps dans le cadre de la construction des réacteurs de Fuqing ont été rendues possibles grâce à l’expérience dans la construction d’autres centrales en Chine.

Leningrad-II 2
Tout comme le projet Fuqing, la construction des deux réacteurs de Leningrad-II ont bénéficié des analyses et des retours obtenus dans le cadre, notamment, de la construction de la tranche 1 achevée en 2018. Alexander Katzman, directeur général adjoint pour la mise en service de nouvelles tranches chez Rosenergoatom, estime qu’au global, ces informations ont permis de réduire de 27 jours le calendrier et de raccourcir les tests réalisés sur Leningrad-II 2.

Concernant la tranche 2, l’équipe de construction a employé une technique dite «à toit ouvert» qui consistait à installer de gros composants dans un bâtiment réacteur encore inachevé en passant par une ouverture de toit temporaire, ce qui a permis de donner de l’avance au projet lors des phases d’installation et de soudage. La durée du soudage parallèle des quatre circuits du système de refroidissement a permis de gagner 19 jours.

Vogtle 3 et 4
Steve Kuczynski, CEO de Southern Nuclear, a déclaré concernant la construction des tranches Vogtle 3 et 4 – le premier nouveau projet nucléaire aux États-Unis depuis plusieurs décennies – que son entreprise, en tant que propriétaire et exploitante de la centrale, avait tiré une leçon: le propriétaire doit, dès le départ, avoir le contrôle sur la phase de construction pour pouvoir respecter le calendrier. Il a recommandé une prise de contact précoce et fréquente avec l’autorité de sûreté nucléaire et a souligné l’importance de choisir un mandataire disposant d’une expérience attestée, de faire coordonner incitations financières et étapes clés, et de choisir le bon déroulement temporel.

D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la capacité nucléaire devra doubler, au moins, d’ici 2050 pour que les objectifs climatiques puissent être réalisés. Cela signifie que les installations actuelles doivent être modernisées, entretenues, et que leur durée de fonctionnement doit être prolongée, et que de nouvelles capacités doivent être connectées au réseau. L’énergie nucléaire ne doit pas être utilisée uniquement à des fins de production d’électricité mais elle doit aussi soutenir la décarbonisation de secteurs tels que l'industrie et les transports.